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eussent-ils pu, durant le IIe et le IIIe siècle, prétendre donner, et donner en effet la liste des évêques des Églises les plus célèbres depuis les apôtres[1] ? Les données les plus positives nous montrent partout, durant les deux premiers siècles, l’évêque placé réellement à la tête de son Église, ayant des prêtres sous ses ordres. Cette organisation uniforme de chaque Église, partout où le Christianisme avait pénétré, ne prouve-t-elle pas que l’épiscopat est d’institution divine ? On n’a qu’à y comparer, pour s’en convaincre, la diversité des formes politiques chez les différentes nations de la terre. On ne conçoit pas qu’on veuille expliquer cette unité par l’usurpation : comment s’imaginer en effet une pareille ambition se manifestant en tout lieu, de la même manière, et cela dans les temps reconnus comme les meilleurs de l’Église ? Les fonctions épiscopales pouvaient-elles avoir assez d’attrait pour séduire des cœurs ambitieux, dans ces temps de persécution où la rage des ennemis de l’Église se tournait particulièrement contre les évêques[2] ? De ce qu’on ne peut dis-

  1. Iren. Contra hær. III, n. 3, et 4, p. 176 ; Tertull. de Præscript. hær. c. 32 et 36, p. 243 et 45.
  2. Saint Jérôme semble vouloir démontrer de la même manière la prééminence des évêques sur les prêtres, lorsqu’il commente l’Épitre à Tite, c. I « Idem est presbyter, qui et episcopus, et antequam diaboli instinctu studia in religione fierint et diceretur in populis : Ego sum Pauli, etc. (1 Cor. I, 12), communi presbyterorum consilio Ecclesiæ gubernabantur. Postquam vero unusquisque eos, quos baptizaverat, suos esse putabat, non Christi, in toto orbe decretum est (?!) ut unus de presbyteris electus superponeretur cæteris, ad quem omnis Ecclesiæ cura pertineret, ut schismatum semina tollerentur ? » Il trouve surtout ses preuves dans Philipp. I, 1 (Cf. Phil. IV, 15, avec 2 Cor. XI, 8, 9) ; Act. XX, 17, 28 ; 1 Petr. V, 1. Saint Jérôme dit aussi, ep. 82 ad Oceanum : « Apud veteres iidem episcopi et presbyteri fuerunt, quia illud nomen dignitatis, hoc ætatis. » De même Ambrosiaster (vers 380), Commentar. ad Ephes. IV, 11. Ce point est à éclaircir bien plus par l’histoire que par l’interprétation subtile des Écritures. Saint Jérôme, pour combattre certaines erreurs ou certains abus, se laisse facilement entraîner à des opinons extrêmes, comme lorsqu’il exagère les prérogatives de la virginité contre Jovinien : c’est ainsi qu’il compare ici les prêtres aux évêques, pour combattre l’ambition de quelques diacres. Une autre expression, par laquelle saint Jérôme pense affaiblir la dignité des évêques, sert précisément à la faire ressortir dans ce qu’elle a de plus important : l’ordination. « Quid facit, excepta ordinatione, epis-