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Simon Bar Jonas, qu’il nomma Pierre dès la première rencontre[1], et promettant plus tard que sur cette pierre il bâtirait son Église. Puis, au moment où il remet à Pierre les clefs du royaume du ciel avec ces paroles solennelles : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel[2], » et qu’il lui donne mission de paître son troupeau, comme souverain pasteur de l’Église, il confie la même charge aux autres apôtres[3], en leur disant solennellement ainsi qu’à Pierre : « Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie ; qui vous méprise me méprise[4]. » C’est cette charge et ce droit que Paul réclame quand il dit : « Que les hommes nous considèrent comme les ministres de Jésus-Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu[5]. » Cette sanction divine se manifesta pleinement quand le Saint-Esprit descendit visiblement sur les apôtres, sous la forme de langues de feu, comme il avait apparu au baptême du Christ, sous la forme d’une colombe. Ainsi fut divinement et positivement établie, et pour toujours confirmée, la distinction entre les maîtres et les disciples, les pasteurs et les fidèles. Le passage de saint Paul, dans son épître aux Romains (I, 1), et celui des Actes (XIII, 2) qui parle de la séparation (ἀφορίζειν) de Paul et de Barnabé pour l’Évangile, marquent encore très-nettement cette distinction des clercs (ϰλῆρος)[6] et des laïques (de λαὸς, peuple), qui passa de l’Ancien Testament dans l’Église chrétienne. Saint Clément de Rome distingue aussi très-positivement les diverses fonctions des prêtres et des laïques. Le pontife a des charges particulières, dit-il ; le prêtre a des fonctions spé-

  1. Jean, I, 42.
  2. Matth. XVI, 18-19.
  3. Jean, X, 11 ; Matth. XVIII, 18.
  4. Luc, X, 16.
  5. I Cor. IV, 1.
  6. Dans le partage de la terre de Channaan, la tribu de Levi n’avait point eu de part (ϰλῆρος). «  Propterea vocantur clerici (dit saint Jérôme), vel quia de sorte sunt Domini, vel quia ipse Dominus sors, id est pars clericorum est ; qui autem vel ipse pars Domini est, vel Dominum partem habet, talem se exhibere debet ut et ipse possideat Dominum et possideatur a Domino ; quod si quidpiam aliud habuerit præter Dominum, pars ejus non erit Dominus. » (Ep. ad Nepotian.). Cf. Ps. XVI, 5 : Dominus pars hæereditatis meæ et calicis mei.