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l’enfant qu’elle allaitait mourait d’inanition, sur son sein desséché. Elle le tue ; elle fait rôtir au feu l’enfant de son amour et de ses douleurs ; elle en mange une partie, et livre l’autre à la troupe avide, qui vient de nouveau fouiller sa maison, en s’écriant dans sa rage et son effroyable désespoir : « C’est mon enfant ! c’est moi qui l’ai tué ! Mangez ! j’en ai bien mangé, moi ! Seriez-vous plus délicats et plus compatissants qu’une femme, qu’une mère ! »

La nouvelle de ce crime inouï se répandit aussitôt à travers la ville jusque dans le camp romain. Mais si les Juifs, toujours opiniâtres, ne profitèrent pas plus de ces expériences terribles que des paroles du Sauveur : « Bienheureuses alors les stériles et celles qui n’auront point d’enfants, et dont les mamelles n’auront point allaité, » les Romains, saisis d’horreur et de dégoût, résolurent de terminer victorieusement la lutte et d’ensevelir ces forfaits sous les ruines de Jérusalem. En effet, sa chute fut effroyable et l’incendie du temple plein d’horreur et d’épouvante [4 ou 5 août 70 apr. J.-C.]. Au rapport de Josèphe, il périt un million d’hommes pendant le siège et à la prise de Jérusalem.

La perte de leur nationalité, leur dispersion à travers toute la terre, tel fût désormais le partage des Juifs. Plus de promesse de restauration, plus de prophète ni de roi, plus d’espérance pour les consoler et les relever. Mais si le sceptre était tombé des mains de Juda pour toujours, l’Église de Jésus-Christ commençait à se développer plus largement sur la terre.