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pour la Macédoine et en visite les églises ; il écrit une deuxième épître aux Corinthiens, et, peu après, revient lui-même à Corinthe pour étouffer les divisions qui s’y étaient formées. Cependant, toujours pressé par l’ardeur de son zèle, l’Apôtre des nations, qui se doit tout à tous, écrit aux Romains. Trois mois après il retourne à Jérusalem, en passant par Milet [vers l’an 58] ; là il trouve réunis les évêques et les prêtres des contrées voisines ; il leur fait ses adieux les plus affectueux dans un discours aussi grave que touchant [an 60 apr. J.-C.][1]. À peine à Jérusalem, on l’épie dans le temple ; ses ennemis, et surtout les Juifs de l’Asie Mineure, l’accusent de violer la loi : on l’arrête ; sa qualité de citoyen romain le soustrait à la juridiction du sanhédrin ; on le conduit à Césarée, devant le proconsul Félix. Il se justifie successivement devant ce magistrat, devant Festus, son successeur, et même devant le roi Agrippa II ; enfin, après deux ans de captivité, il en appelle à César, il est envoyé à Rome, avec Luc et Aristarque [an 61 ap. J.-C.][2]. Souvent menacé, durant la traversée, de trouver là mort dans les flots d’une mer orageuse, Paul conserve une fermeté inébranlable, rassure ses compagnons éperdus en leur prédisant leur sort, qui lui avait été révélé dans une vision nocturne[3].

Arrivé à Rome, on le garde à vue durant deux années[4] ; il continue, ainsi que ses compagnons, les travaux de son apostolat ; il propage le royaume de Jésus-Christ, gagne à la foi jusqu’aux membres de la cour impériale[5]. Il écrit aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Philémon ; il leur parle de la gloire du Christ, de l’affranchissement de l’humanité déchue, de la vocation des Gentils ; il les prémunit aussi contre les hérésies naissantes. Il est probable que c’est de cette époque que date sa lettre aux Hébreux[6]. Ici malheureusement s’arrêtent les Actes des Apôtres ; l’historien sacré se tait sur le reste de la vie de l’apôtre des Gentils, qui recouvra encore une fois sa liberté, d’après d’anciens témoignages, et se rendit, selon le vœu de son

  1. Act. XX, 17-38 ; Cf. XVIII, 23 : XXI, 17.
  2. Cf. Act. XXI, 18 ; XXVI, 32.
  3. Act. XXVII, 1 ; XXVIII, 15.
  4. Act. XXVIII, 16.
  5. Philipp. I, 13 ; IV, 22.
  6. Hebr. XIII, 24.