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puissante, à mesure que Jésus parlait et agissait au milieu du peuple ; car, pour atteindre le but définitif de sa mission, le retour de l’humanité déchue vers Dieu, il montrait sans cesse Dieu offensé comme le Père de l’amour, prévenant le pécheur et pardonnant au repentir, s’abaissant vers lui dans la personne de son Fils unique[1], réalisation vivante et sensible de la parole et du fait, de l’idée et de l’actualité. Jésus avait dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre[2] ; » et il prouvait la vérité de cette parole en dominant les forces de la nature, en ressuscitant les morts, en guérissant subitement les aveugles, les sourds, les paralytiques, les infirmes de tout genre[3], en pardonnant, en remettant les péchés. Jésus avait enseigné la résurrection et la vie éternelle ; il devait confirmer cette doctrine par sa propre résurrection. Ainsi, et tel était le caractère spécial de son enseignement, Jésus faisait ce qu’il disait, il réalisait ses pensées par ses actions, comme, dans l’origine des choses, le Verbe tout-puissant et créateur avait dit « Que la lumière soit, et la lumière fut. » Ainsi, toujours confirmée par le fait, sa doctrine était à la portée de tous les esprits non prévenus, et pour ceux qui se fermaient à la vérité de sa parole, il en appelait toujours à ses actions[4] et à l’impossibilité de le convaincre d’aucun péché, ce dont jamais aucun homme n’avait pu se prévaloir [5]. Enfin il se fit connaître en maintes circonstances, en déclarant ouvertement qu’il était né du Père[6]. « Qui me voit, voit mon Père[7] ; moi seul je connais le Père[8] ; je fais connaître sa volonté et sa parole, et je ne recherche que la gloire de Celui qui m’a envoyé[9]. Mais celui-là seul qui est de Dieu, est attiré par la vérité et libéré par elle[10]. »

Saint Justin le martyr[11] caractérise parfaitement la doctrine de Jésus : « Ses discours étaient courts et serrés ; ce n’était point la parole d’un sophiste, mais la vertu de

  1. Jean, III, 16.
  2. Matth. XXVIII, 18.
  3. Matth. IV, 23.
  4. Jean, X, 38.
  5. Jean, VIII, 45 ; Hébr. IV, 15.
  6. Jean, VII, 29 ; VIII, 55 ; X, 30 ; cf. V, 17.
  7. Jean, X, 32 ; XII, 45.
  8. Jean, I, 18 ; VII, 29.
  9. Jean, VII, 17, 18.
  10. Jean, VIII, 32, 46, 47.
  11. Justin. mart. Apol. I, c. 14 ad fin.