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rale, dans laquelle chacun pût, à l’aide de Dieu et sous la direction de sa providence, être par Jésus délivré du péché, réconcilié avec Dieu, sanctifié de plus en plus, et par là même participer à une félicité toujours croissante ; jamais les expressions simples et populaires dont il se servit pour représenter son royaume, ne démentirent cette tendance de toute sa vie à l’établissement d’un royaume spirituel[1], en même temps qu’universel. C’est toujours et partout dans ce sens qu’il parle, de la manière la plus claire et la plus explicite[2]. Tel, est aussi le caractère, et le principe tout spirituel de sa religion ; tel est le sens de toutes les prophéties qui ont rapport au Messie et qui comprennent l’humanité tout entière, vrai peuple du Christ, dont le royaume devait commencer, il est, vrai, parmi les Juifs, pour s’étendre de là sur toutes les nations païennes[3].

§ 38. — La doctrine divine de Jésus.

La doctrine de Jésus était parfaitement conforme au plan que nous venons d’indiquer. C’était avec une insistance particulière qu’il annonçait l’unité de Dieu, Père de tous les hommes, et les pratiques qu’il institua, si peu nombreuses, et en rapport si intime avec l’essence de la religion, ne renfermaient rien qui fût purement local, temporaire ou national. Elles pouvaient être observées partout, et devaient peu à peu remplacer la loi mosaïque, que, sans la combattre ouvertement, il tendait à élargir, à purifier, et à transformer en l’adoration en esprit et en vérité[4]. Les principes de sa doctrine, aussi anciens que l’esprit humain, prenaient naturellement, dans leur expression parabolique, une forme éminemment populaire et s’appropriaient ainsi à tous les degrés d’intelligence ; aussi firent-elles, dès le principe, une profonde impression sur le peuple, qui, dans son étonnement et sa joie disait : « Celui-ci enseigne comme ayant autorité, et non comme les scribes et les pharisiens[5]. » Cette impression devenait de plus en plus

  1. Matth., XIX, 28 ; Luc, XXII, 30 ; Marc, VII, 27.
  2. Jean, X, 16 ; Matth., XXVIII, 19.
  3. Matth., XV, 24, Cf. XXVIII, 19.
  4. Matth., V, 17 ; Jean, IV, 21 sq.
  5. Matth., VII, 28, 29.