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§ 37. — Vie publique de Jésus. — Son but.

Après le baptême de Jean, qui avait, pour ainsi dire, inauguré la mission du Messie, Jésus se retira dans un lieu désert. Là, comme jadis Moïse sur le mont Sinaï, il resta quarante jours, luttant victorieusement contre le prince du mal, qui le tenta, comme tous les hommes[1] parce que le Christ devait être en tout semblable à ses frères[2]. Alors seulement il se mit à enseigner publiquement le peuple, ainsi que l’aurait fait un rabbin de la synagogue, passant aux yeux de la multitude pour fils de Joseph[3]. Ses premières paroles furent comme celles de Jean : « Faites pénitence[4]. » Mais bientôt, dévoilant plus longuement aux juifs les mystères, de sa mission divine[5] : « Je suis venu, dit-il, pour accomplir la loi, pour la purifier, l’éclaircir, la développer[6] ; » et comme Jean il laissa ses disciples administrer au peuple le baptême de la pénitence[7]. Mais, de son côté, le peuple devait se sanctifier par la pureté du cœur et de l’intention, la vue de Dieu devait être sa récompense, et cette récompense toute spirituelle faisait un singulier contraste avec ses superbes et mondaines espérances du Messie. C’était dans les paroles, et les actions du Christ une merveilleuse activité dont le but sublime planait toujours devant son âme. Et ce but, c’est-à-dire l’établissement d’un royaume céleste et purement spirituel, fut si clairement indiqué par toutes ses paroles, dès le principe, qu’il est impossible de trouver, dans aucun des Évangiles, la moindre trace du moment où il aurait substitué ce royaume spirituel à une royauté terrestre, qu’il aurait eue d’abord en vue. Jamais Jésus ne partagea l’opinion de ses contemporains sur le pouvoir temporel du Messie attendu, et sa grandeur consiste en partie en ce qu’il s’éleva, dès l’abord, au-dessus de ces imaginations indignes des siècles passés et des temps à venir. La grande et unique pensée de toute sa vie fut de réunir toute l’humanité en une société religieuse et mo-

  1. Matth., IV, 1-11.
  2. Hébr. II, 18 ; IV, 15.
  3. Luc, III, 23.
  4. Matth., IV, 17.
  5. Matth., V, 7.
  6. Matth., V, 17.
  7. Jean III, 22 et 26.