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tous recevaient leur lumière, empruntaient leur éclat de cette étoile unique et mystérieuse. Et toute magie fut abolie ; les liens du péché furent rompus, l’ignorance fut dissipée, l’empire du mal ruiné, lorsque Dieu parut sous la forme humaine pour rendre la vie à tout ce qui périssait sans elle[1]. » « La plénitude des temps était venue[2] ; Dieu envoyait son Fils pour racheter ceux qui étaient sous sa loi et les faire ses enfants d’adoption. » C’était aussi le moment le plus favorable pour fonder l’influence universelle du Christianisme. Jamais on n’avait autant désiré une religion selon l’esprit et la vérité ; jamais le monde n’y avait été plus préparé ; l’opposition si tranchée des Juifs et des païens tombait et se fondait dans le sentiment universel de la désolation intérieure et de l’oppression du dehors. L’état politique de la plupart des peuples civilisés les avait merveilleusement préparés à l’action salutaire du Christianisme. Rome étendait alors son empire sur presque tout le monde ancien connu : à l’Occident de cet immense empire prédominaient la langue et les mœurs de Rome ; à l’Orient les conquêtes d’Alexandre avaient fait triompher la civilisation grecque, qui avait étendu sa domination jusque dans Rome même, au temps des empereurs. Combien l’union de tant de peuples soumis à une même domination, parlant une même langue, facilitait l’annonce de l’Évangile ! Paul écrit en grec aux habitants de Corinthe et de Philippes, à l’orientale Éphèse comme à l’occidentale Rome, aux Asiatiques comme aux Européens[3]. L’amour des conquêtes avait produit chez les Romains, en place de leur rigueur première, une grande tolérance à l’égard des cultes étrangers. On admettait généralement que les dieux avaient eux-mêmes ordonné les cultes divers, qui devaient se tolérer réciproquement, tant qu’ils se bornaient au pays, au peuple auquel ils appartenaient. Il en était résulté une assez grande faveur pour le syncrétisme religieux. L’invasion des dieux étrangers avait néanmoins été telle à Rome, malgré la loi en vigueur et qui exigeait l’autorisation de l’État, qu’on fortifia les lois

  1. Ep. ad Ephes. c. XIX.
  2. Gal. IV, 4 ; Rom. V, 6 ; Ephes. I, 10 ; Tit. I, 3.
  3. Cf. Hug. Introd. au Nouveau Testament ; 3e éd. 2e part., p. 30.