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ture et selon leur ferme conviction. Tels furent Nicodème, Gamaliel et d’autres[1], comme nous le prouve l’histoire de Notre-Seigneur ; telles furent encore les écoles de Hillel et de Schamaï.

Les Sadducéens opposaient à la rigoureuse orthodoxie et aux pratiques pieuses des pharisiens l’esprit de critique et la liberté de penser. Leur nom ne dérive point de צֶרֶקּ (tsereq), mais, d’après la traduction talmudique, d’un certain Zadok (fin du IIIe siècle avant J.-C.). Ils prétendaient reproduire le pur mosaïsme, admettaient les livres de l’Ancien Testament, comme étant en harmonie avec le Pentateuque ; mais ils rejetaient la tradition et attachaient peu de prix aux cérémonies. Ce n’était pas cependant qu’ils eussent véritablement un sens profond des choses saintes et une vraie capacité pour la vérité ; car on sent dans toutes leurs opinions religieuses un esprit d’indifférentisme ; on voit dans toute leur manière d’être l’amour des biens terrestres et le désir d’une vie agréable et commode, qui ne s’inquiète guère des besoins de la nature supérieure de l’homme[2]. Ils rejetaient[3] la croyance à l’immortalité de l’âme, aux peines et aux récompenses futures, à la résurrection des corps. Ils paraissaient aussi avoir nié l’existence des anges, des esprits, et nommément de Satan[4]. Aussi, l’influence des sadducéens, peu nombreux d’ailleurs, ne pouvait être que fort médiocre sur un peuple aussi ferme dans ses croyances que celui de la Judée.

Également mécontents de la direction qu’imprimaient aux opinions du peuple les pharisiens et les sadducéens, plusieurs Juifs, surtout d’entre ceux qui sentaient un be-

  1. Jean, III, 1-21 ; Act. V, 37.
  2. Voici ce que disent les traditions du Talmud sur l’origine de la secte : Zadok, qui étudia sous Antigone Socho, corrompit l’enseignement de son maître. Antigone soutenait qu’on devait pratiquer la vertu sans avoir égard à une récompense. Zadok s’empara de ce principe pour nier un état futur de rétribution aussi bien qu’une autre vie. Cf. Grossmann, de Philosophia sadduceor. Lipsiæ, 1836. Winer, dans son Dictionnaire biblique, représente au contraire les sadducéens sous un jour beaucoup plus favorable.
  3. Matth. XXII, 23 ; Marc, XII, 18 ; Luc, XX, 27 ; Josephi, Ant. XVIII, 1-4.
  4. Act. XXIII, 8.