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était tout ensemble la voix vivante de la loi et l’instrument de son accomplissement ; sa mission principale consistait à préfigurer et annoncer le Messie, terme de toutes les prophéties comme la loi devait y préparer par toutes ses ordonnances et ses institutions. Il manquait cependant encore à la constitution mosaïque, et le Deutéronome y fait déjà allusion[1], la tête, le chef du corps, le conducteur du peuple, le représentant de Dieu institué de Dieu même, pour unir la nation en un corps un et vivant, pour en vivifier incessamment l’organisme, pour le maintenir dans l’ordre et sous la loi, pour le garantir et le délivrer des dangers du dehors, le Roi. Dieu se rendit au désir du peuple et lui accorda dans la personne de Saül (1095) un représentant de la royauté éternelle, invisible, et toujours active et présente, de Jéhovah. Ce fut après la conquête de la terre sainte par Josué, après l’âge héroïque des Juges (d’Othoniel à Elie et Samuel), dont la fonction préparait, par une transition naturelle, la dignité royale. Le souverain pontife, le prophète et le roi, termes distincts et essentiels de l’unité théocratique, étaient les types prophétiques de la triple dignité du Sauveur du monde. Comme Héli unit à la charge du souverain pontife la plus grande puissance civile, comme Samuel unit à celle-ci la mission du prophète, ainsi David, l’homme selon le cœur de Dieu, unit aux dons du prophète la dignité royale (1050). En construisant la citadelle de Sion, il fit de Jérusalem une ville forte, centre du royaume, comme elle devait l’être du culte, et y fit amener l’arche d’alliance. Après avoir vaincu tous ses ennemis, avoir étendu les conquêtes de son peuple jusqu’à l’Euphrate, et avoir pacifié tout son royaume, il tourna son cœur et son esprit vers l’établissement du culte divin, et voulut préparer à Jéhovah une demeure digne de lui ; il agissait en cela sans l’ordre de Dieu[2], et cette pieuse entreprise ne devait s’accomplir que sous le règne pacifique de Salomon (1000), qui, d’après le modèle du tabernacle[3], construisit le plus magnifique temple de la terre. Là, dans le saint des saints, fut déposée l’arche d’alliance construite par Moïse,

  1. Deut. XVII, 14.
  2. 2 Samuel, VII.
  3. 2 Paralip. III-VII.