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nations, le partage de la terre, la naissance des arts[1] ; en même temps, elles parlent d’un réparateur d’un libérateur promis au premier homme[2], et montrent comment, dans la suite des âges, jamais le Dieu vivant n’a cessé de se manifester aux hommes, de les préparer et de les amener à leur réconciliation définitive avec lui. Elles racontent que les hommes, s’abandonnant à leurs penchants pervers et ne s’appuyant que sur eux-mêmes, se corrompirent, et couvrirent tellement la terre de leurs crimes, que Dieu résolut une vengeance dont jamais le souvenir ne s’effacerait parmi eux, afin de les prémunir éternellement contre la pensée erronée que le monde existe par lui-même, et que ce qui existe ne peut plus cesser d’être. Après la terrible catastrophe du déluge universel, dont la mémoire s’est conservée parmi tous les peuples, Dieu permit au monde de se renouveler et de renaître du sein des eaux. Noé, le seul juste, sauvé par la Providence, devient le second père de la race humaine[3], et l’histoire reprit son cours avec l’humanité rajeunie sous la conduite de Dieu. L’humanité graciée n’est pas guérie ; elle retombe dans l’incrédulité, l’idolâtrie et la corruption morale qui en est la suite, et alors Dieu appelle Abraham. Ce fut 350 ans après le déluge qu’eut lieu la vocation d’Abraham, prince nomade de la Chaldée, père du peuple Israélite, que Dieu même conduisit dans la terre lointaine et inconnue de Chanaan, en lui promettant de le rendre père d’une nation grande et puissante, nombreuse comme les étoiles du ciel[4], en qui tous les peuples de la terre devaient être bénis[5], pourvu qu’Abraham, ses enfants et sa race gardassent les voies de Jéhovah, et marchassent dans les sentiers de la justice et de la vérité[6]. Une alliance positive

  1. Marcel de Serres, la Cosmog. de Moïse comparée avec la géologie. Voir aussi Fichte, qui dit, dans son droit de la nature, 1re part., p. 32 : « Un esprit s’intéressa au sort de l’homme précisément comme le veut une ancienne et vénérable tradition (la Genèse). Elle renferme, après tout, la sagesse, la plus profonde, la plus digne d’admiration ; elle offre des résultats auxquels la philosophie, après ses longs détours, est bien obligée de revenir. »,
  2. Genes. III, 15.
  3. Genes. VI-VIII.
  4. Genes. XII, 2 ; XIII, 16 ; XV, 5 ; XVII, 4, 6, 8 ; XXII, 16-17.
  5. Genes. XII, 3 ; XVIII, 18 ; XXII, 18.
  6. Genes. XVIII, 19.