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ANTHOLOGIE FÉMININE

de résistance pour des actes et contre des faits qui en vaudront la peine. Ces temps viendront. Si je n’y suis plus, pense à moi qui ai souffert et travaille gaiement. Nous nous ressemblons d’âme et de visage. Je sais, dès aujourd’hui, quelle sera ta vie intellectuelle, Je crains pour toi bien des douleurs profondes, j’espère pour toi des joies bien pures. Garde en toi le trésor de la bonté. Sache donner sans hésitation, perdre sans regret, acquérir sans lâcheté. Sache mettre dans ton cœur le bonheur de ceux que tu aimes à la place de celui qui te manquera. Garde l’espérance d’une autre vie, c’est là que les mères retrouvent leurs fils. Aime toutes les créatures de Dieu, pardonne à celles qui sont disgraciées, résiste à celles qui sont indignes, dévoue-toi à celles qui sont grandes par la vertu.

Aime-moi ! je t’apprendrai bien des choses si nous vivons ensemble. Si nous ne sommes pas appelés à ce bonheur (le plus grand qui puisse m’arriver, le seul qui me fasse désirer une longue vie), tu prieras Dieu pour moi, et du sein de la mort, s’il reste dans l’univers quelque chose de moi, l’ombre de ta mère veillera sur toi.

Ton amie,

George.

Mme DE GIRARDIN

(1804-1855)


Delphine Gay naquit à Aix-la-Chapelle. Sa mère, Sophie Gay, née la Vallette, mariée en