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TROISIÈME PÉRIODE

« Abeille, lui dit-il, voulez-vous me parler ?
Moi, je vais à l’école : il faut apprendre à lire !
Mais le maître est tout noir, et je n’ose pas rire.
Voulez-vous rire, abeille, et m’apprendre à voler ? »

Que j’étais loin alors de comprendre l’art de lire les vers comme nous l’enseigne l’éminent académicien, M. E. Legouvé !

Mais celle qui avait pris pour exergue :

  Je mourus sans rendre une offense,
  Mon sort fut une longue enfance,
  Et ma pensée un long amour,


et qui mettait tant de cœur et de talent dans ses poésies pour les enfants et les mères, avait les plus hautes envolées pour interpréter le sentiment de la femme aimante, sentiment trop délicat pour n’être pas souvent blessé ; on en trouve de maintes plaintes dans ses Élégies :

Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe.
Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace.
Va voir, et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve… mon beau rêve à la terre caché.
................
Moi, je suis une femme aussi comme ta mère.
Elle me défendrait de ton insulte amère ;
Plus grand que son amour, mon amour se donna.
Une femme aima trop, et Dieu lui pardonna !