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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS PARTIES SOUTERRAINES

moyen âge, et la plante n’est pas cultivée actuellement dans ce pays[1]. Ce sont des motifs pour douter du vrai sens des mots Sisaron et Siser, Quelques botanistes du XVIe siècle ont pensé que Sisaron était peut-être le Panais, et Sprengel[2] appuie cette idée.

Les noms français Chervis et Girole[3] apprendraient peut-être quelque chose si l’on en connaissait l’origine. Littré fait dériver Chervis de l’espagnol Chirivia, mais il est plus probable que celui-ci dérive du français. Jean Bauhin[4] indique, dans la basse latinité, Servillum, Chervillum ou Servillam, mots qui ne sont pas dans le Dictionnaire de Ducange. Ce serait bien l'origine de Chervis, mais d’où venait Servillum soit Chervillum ?

Arracacha ou Arracacia. — Arracacha esculenta, de Candolle.

Ombellifère généralement cultivée dans le Venezuela, la Nouvelle-Grenade et l’Équateur comme plante nutritive. Dans les régions tempérées de ces pays, elle soutient la comparaison avec la pomme de terre et donne même, assure-t-on, une fécule plus légère et plus agréable. La partie inférieure de la tige est renflée en une bulbe sur laquelle se forment, quand la plante végète bien et pendant plusieurs mois, des tubercules ou caïeux latéraux plus estimés que la bulbe centrale et qui servent aux plantations ultérieures[5].

L’espèce est probablement indigène dans la région où on la cultive, mais je ne vois pas chez les auteurs des assertions positives à cet égard. Les descriptions qui existent ont été faites sur des pieds cultivés. Grisebach dit bien qu’il a vu (je présume dans l’herbier de Kew) des échantillons recueillis à la Nouvelle-Grenade, au Pérou et à la Trinité[6] ; mais il ne s’explique pas sur la spontanéité. Les autres espèces du genre, au nombre d’une douzaine, croissent dans les mêmes parties de l’Amérique, ce qui rend l’origine indiquée plus vraisemblable.

L’introduction de l’Arracacha en Europe a été tentée plusieurs fois, sans avoir jamais réussi. Le climat humide de l’Angleterre devait faire échouer les essais de sir W. Hooker ; mais les nôtres, faits à deux reprises, dans des conditions très différentes, n’ont pas eu plus de succès. Les caïeux latéraux ne se sont pas formés, et la bulbe centrale a péri dans la serre où nous l’avions dépo-

  1. Lenz, l. c. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands ; Langkavel, Botanik der späteren Griechen.
  2. Sprengel, Dioscoridis, etc., II, p. 462.
  3. Olivier de Serres, Théâtre de l’agriculture, p. 471.
  4. Bauhin, Hist. plant., III, p. 154.
  5. Les meilleures informations sur la culture ont été données par Bancroft à sir William Hooker et se trouvent dans le Botanical Magazine, pl. 3092. A.-P. de Candolle a publié, dans la 5e Notice sur les plantes rares du Jardin bot. de Genève, une figure qui montre la bulbe principale.
  6. Grisebach, Flora of british W. India islands.