Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
370
OBSERVATIONS GÉNÉRALES

rement démontré quand il s’agit d’une espèce de l’ancien monde cultivée en Amérique, dans les jardins, et qui s’établit plus tard en masse dans la campagne ou les forêts, comme le Cardon à Buenos-Ayres et les Orangers dans plusieurs contrées américaines. La culture étend les habitations. Elle supplée aux déficits que peut avoir la reproduction naturelle des espèces. Quelques-unes cependant font exception, et il vaut la peine d’en parler dans un article spécial.

Article 4. — Plantes cultivées qui sont en voie d’extinction on éteintes hors des cultures.

Les espèces auxquelles je viens de faire allusion présentent trois caractères assez remarquables :

1o Elles n’ont pas été découvertes à l’état sauvage, ou ne l’ont été qu’une fois ou deux, souvent même d’une manière contestable, bien que les régions d’où elles sont sorties aient été visitées par plusieurs botanistes.

2o Elles n’ont pas la faculté de se semer et de se propager indéfiniment hors des terrains cultivés. En d’autres termes elles ne dépassent pas en pareil cas la condition de plantes adventives.

3o On ne peut pas soupçonner qu’elles sont issues, depuis l’époque historique, de certaines espèces voisines.

Ces trois caractères se trouvent réunis dans les espèces suivantes :

Fève (Faba vulgaris). Tabac (Nicotiana Tabacum).
Pois chiche (Cicer arietinum) Froment (Triiicum vulgare).
Ers (Ervum Ervilia). Maïs (Zea Mays),
Lentille (Ervum Lens).

Il faudrait ajouter la Batate (Convolvulus Batatas), si les espèces voisines étaient mieux connues comme distinctes, et le Carthame (Carthamus tinctorius), si l’intérieur de l’Arabie avait été exploré et qu’on n’y eût pas trouvé cette plante indiquée jadis par un auteur arabe.

Toutes ces espèces, et probablement d’autres de pays peu connus ou de genres mal étudiés, paraissent en voie d’extinction ou éteintes. A supposer que la culture cessât dans le monde, elles disparaîtraient, tandis que la majorité des autres plantes cultivées se seraient naturalisées quelque part et resteraient à l’état sauvage.

Les sept espèces mentionnées tout à l’heure, excepté le Tabac, ont des graines remplies de fécule, qui sont recherchées par les oiseaux, les rongeurs et divers insectes, sans pouvoir traverser intactes leurs voies digestives. C’est probablement la cause, unique ou principale, de leur infériorité dans la lutte pour l’existence. Ainsi, mes recherches sur les plantes cultivées montrent que