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OBSERVATIONS GÉNÉRALES

grande partie du pays souffre trop de la sécheresse pour que ces espèces aient pu s’y répandre.

En général, les régions australes avaient fort peu de plantes annuelles, et, dans leur nombre si restreint, aucune n’offrait des avantages évidents. Or, les espèces annuelles sont les plus faciles à cultiver. Elles ont joué un grand rôle dans les anciennes cultures des autres pays.

En définitive, la distribution originelle des espèces cultivées était extrêmement inégale. Elle n’avait de rapport ni avec les besoins de l’homme ni avec l’étendue des territoires.

Article 2. — Nombre et nature des espèces cultivées depuis des époques différentes.

On doit considérer comme d’une culture très ancienne les espèces marquées A dans le tableau de la page 351. Elles sont au nombre de 44. Quelques-unes des espèces marquées B sont probablement aussi anciennes, sans qu’on ait pu le constater. Enfin les cinq espèces américaines marquées D sont probablement d’une ancienneté de culture à peu près aussi grande que celles de la catégorie A ou que les plus vieilles de la catégorie B.

Comme on pouvait le prévoir, les espèces A sont surtout des plantes pourvues de racines, fruits ou graines propres à la nourriture de l’homme. Viennent ensuite quelques espèces ayant des fruits agréables au goût, ou textiles, tinctoriales, oléifères, ou donnant des boissons excitantes par infusion ou fermentation. Elles présentent seulement deux légumes verts et n’ont pas un seul fourrage. Les familles qui prédominent sont les Crucifères, Légumineuses et Graminées.

Le nombre des espèces annuelles est de 22 sur 44, soit 50 0/0. Dans les cinq espèces américaines marquées D, il y en a deux annuelles. Dans la catégorie A se trouvent trois espèces bisannuelles, et D n’en a aucune. Dans l’ensemble des Phanérogames, les espèces annuelles ne dépassent pas 15 0/0, et les bisannuelles s’élèvent à 1 ou au plus 2 0/0. Il est clair qu’au début de la civilisation les plantes dont le produit ne se fait pas attendre sont celles qu’on recherche le plus. Elles offrent d’ailleurs l’avantage qu’on peut répandre et multiplier leur culture, soit à cause de l’abondance des graines, soit parce qu’on cultive la même espèce en été dans le nord et en hiver ou toute l’année dans les pays tropicaux.

Les plantes vivaces sont bien rares dans les catégories A et D. Elles ne s’élèvent pas à plus de deux, soit 4 0/0, à moins qu’on ne veuille ajouter le Brassica oleracea et la forme du Lin, ordinairement vivace (L. angustifolium), que cultivaient