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COCOTIER

nandez[1] au XVIe siècle, les Mexicains l’appelaient Coyolli, mot qui n’a pas l’apparence d’un nom indigène.

Oviedo[2], qui écrivait en 1526, dès les premiers temps de la conquête du Mexique, dit que le Cocotier abondait sur la côte de la mer Pacifique, dans la province du cacique Chiman, et il décrit clairement l’espèce. Cela ne prouve pas la qualité d’arbre spontané.

Dans l’Asie méridionale, surtout dans les îles, le Cocotier se montre à l’état sauvage ou cultivé. Plus les îles sont petites, basses et sous l’influence de l’atmosphère marine, plus les Cocotiers prédominent et attirent l’attention des voyageurs. Quelques-unes en ont tiré leur nom, entre autres deux îles près de celles d’Andaman, et une près de Sumatra.

Le Cocotier, avec toutes les apparences d’un ancien état spontané, se trouvant en Asie et dans l’Amérique occidentale, la question de l’origine est obscure. D’excellents auteurs l’ont résolue d’une façon différente. De Martius regarde comme probable un transport, par les courants, des îles situées à l’ouest de l’Amérique centrale à celles de l’archipel asiatique. J’inclinais autrefois[3] vers la même hypothèse, admise depuis sans discussion par Grisebach[4] ; mais les botanistes du XVIIe siècle regardaient souvent l’espèce comme asiatique, et Seemann[5], après un examen attentif, se déclare indécis. Je donnerai le pour et le contre sur chacune des hypothèses.

En faveur d’une origine américaine on peut dire :

1o Les onze autres espèces du genre Cocos sont d’Amérique, et même toutes celles que Martius connaissait bien sont du Brésil[6]. M. Drude[7], qui s’occupe beaucoup des Palmiers, a écrit un article pour soutenir que chaque genre de cette famille est propre à l’ancien ou au nouveau monde, excepté le genre Elaeis, et encore il soupçonne le transport de l’E. Guineensis d’Amérique en Afrique, ce qui n’est pas du tout probable (voir ci-dessus, p. 344).

La force de cet argument est un peu atténuée par la circonstance que le Cocos nucifera est un arbre du littoral et des lieux humides, tandis que les autres espèces vivent dans des conditions différentes, fréquemment loin de la mer ou des rivières. Les plantes maritimes, de marais ou d’endroits humides ont en général une habitation plus vaste que leurs congénères.

2o Les vents alizés de la mer Pacifique, au sud et encore plus

  1. Hernandez, Thésaurus mexic., p. 71. Il attribue le même nom, p. 75, au Cocotier croissant aux îles Philippines.
  2. Oviedo, traduction de Ramusio, 3, p. 53.
  3. A. de Candolle, Géogr. bot. rais., p. 976.
  4. Grisebach, Vegetation der Erde, p. 11, 323.
  5. Seemann, Flora Vitiensis, p. 275.
  6. Le Coco dit des Maldives appartient au genre Lodoicea. Le Coco mamiilaris, Blanco, des Philippines, est une variété du Gocos nucifera cultivé.
  7. Drude, dans Bot. Zeitung, 1876, p. 801, et Flora brasiiiensis, fasc. 85, p. 405.