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RICIN COMMUN

bien avec l’existence d’un nom sanscrit, Tila, le Tilu des Brahmines (Rheede, Malabar 1, 9, p. 105, 107), mot dont il y a des restes dans plusieurs langues modernes de l’Inde, en particulier à Ceylan[1]. Ainsi nous sommes ramenés vers l’Inde, conformément à l’origine dont parlait Pline, mais il est possible que l’Inde elle-même ait reçu l’espèce des îles de la Sonde avant l’arrivée des conquérants aryens. Rumphius indique pour ces îles trois noms du Sésame, très différents entre eux et tout autres que le nom sanscrit, ce qui appuie l’idée d’une existence plus ancienne dans l’archipel que sur le continent.

En définitive, d’après la spontanéité à Java et les arguments historiques et linguistiques, le Sésame paraît originaire des îles de la Sonde. Il a été introduit dans l’Inde et la région de l’Euphrate depuis deux ou trois mille ans ; et en Égypte à une époque moins ancienne, de 1000 à 500 ans avant J.-C.

On ignore depuis quelle époque il est cultivé dans le reste de l’Afrique, mais les Portugais l’ont transporté de la côte de Guinée au Brésil[2].

Ricin commun. — Ricinus communis, Linné.

Les ouvrages les plus modernes et les plus estimés donnent pour pays d’origine de cette Euphorbiacée l’Asie méridionale ; quelquefois ils indiquent certaines variétés en Asie, d’autres en Afrique ou en Amérique, sans distinguer les pieds cultivés des spontanés. J’ai lieu de croire que la véritable origine est dans l’Afrique intertropicale, conformément à l’opinion émise par M. Ball[3].

Les difficultés qui entourent la question viennent de l’ancienneté de la culture en divers pays, de la facilité avec laquelle le Ricin se sème et se naturalise dans les décombres et même dans des endroits incultes, enfin de la diversité de ses formes, qu’on a décrites souvent comme espèces. Ce dernier point ne doit pas nous arrêter, car la monographie soignée du Dr J. Müller[4] constate l’existence de seize variétés, à peine héréditaires, qui passent des unes aux autres par de nombreuses transitions et constituent par conséquent, dans leur ensemble, une seule espèce.

Le nombre de ces variétés est l’indice d’une culture très ancienne. Elles diffèrent plus ou moins par les capsules, les graines, l’inflorescence, etc. En outre, ce sont de petits arbres dans les pays chauds, mais elles ne supportent pas facilement la gelée et deviennent, au nord des Alpes et dans les régions analogues, des plantes annuelles. On les sème alors pour l’ornement des jardins, tandis que dans les régions tropicales et même

  1. Thwaites, Enum., p. 209.
  2. Piso, Brasil., éd. 1658, p. 211.
  3. Ball, Floræ maroccanæ spicilegium, p. 664.
  4. Müller, Argov., dans DC., Prodromus, vol. 15, sect. 2, p. 1017.