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COTONNIER DES BARBADES

Si l’on veut partir de ce point de vue, — qui a le mérite d’être une méthode vraiment scientifique, — il faut constater malheureusement que, pour les Cotonniers indigènes en Amérique, les connaissances sont encore bien peu avancées. C’est tout au plus si l’on peut citer deux collecteurs ayant trouvé des Gossypium vraiment spontanés, semblables ou très analogues à telle ou telle forme des cultures.

Il est rare qu’on puisse se fier aux anciens botanistes et voyageurs pour la qualité de plante spontanée. Les Cotonniers lèvent quelquefois dans le voisinage des plantations et se naturalisent plus ou moins, le duvet de leurs graines facilitant les transports accidentels. L’expression ordinaire des vieux auteurs : le Cotonnier de tel nom croît dans tel pays, signifie souvent une plante cultivée. Linné lui-même, en plein XVIIIe siècle, dit souvent d’une espèce cultivée : « Habitat, » et même il le dit quelquefois à la légère[1]. Parmi les auteurs du XVIe siècle, un des plus exacts, Hernandez, est cité pour avoir décrit et figuré un Gossypium sauvage au Mexique ; mais le texte fait douter un peu de la condition spontanée[2] de cette plante que Parlatore rapporte au G. hirsutum, Linné. Dans son catalogue des plantes du Mexique, M. Hemsley[3] se borne à dire d’un Gossypium qu’il nomme barbadense : « cultivé et sauvage. » De cette dernière condition, il ne fournit aucune preuve. Mac Fadyen[4] parle de trois formes sauvages et cultivées à la Jamaïque. Il leur attribue des noms spécifiques et ajoute qu’elles rentrent peut-être dans le G. hirsutum, Linné. Grisebach[5] admet la spontanéité d’une espèce, G. Barbadense, aux Antilles. Quant aux distinctions spécifiques, il déclare ne pas pouvoir les établir sûrement.

Pour la Nouvelle-Grenade, M. Triana[6] décrit un Gossypium, qu’il appelle G. barbadense, Linné, qu’il dit : « cultivé et subspontané le long du Rio Seco, province de Bogota, et dans la vallée du Cauca, près de Cali ; » et il ajoute une variété hirsutum croissant (il ne dit pas si c’est spontanément) le long du Rio Seco.

Je ne puis découvrir aucune assertion analogue pour le Pérou, la Guyane et le Brésil[7] ; mais la flore du Chili, publiée par Cl. Gay[8], mentionne un Gossypium « quasi spontané dans la province de Copiapo », que l’auteur rapporte à la forme du G. peruvianum, Cavanilles. Or cet auteur ne dit pas la plante

  1. Il a dit, par exemple, du Gossypium herbaceum, qui est certainement de l’ancien monde, d’après les faits connus avant lui : Habitat in America.
  2. Nascitur in calidis, humidisque, cultis præcipue, locis. (Hernandez, Novæ Hispaniæ thesaurus, p. 308.)
  3. Hemsley, Biologia centrali-americana, 1, p. 123.
  4. Mac Fadyen, Flora of Jamaica, p. 72.
  5. Grisebach, Flora of brit. W. India islands, p. 86.
  6. Triana et Planchon, Prodr. fl. novo-granatensis, p. 170.
  7. Les Malvacées n’ont pas encore paru dans le Flora brasiliensis.
  8. Cl. Gay, Flora chilena, 1, p. 312.