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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

tinctes par quelque caractère, mais nées et conservées dans les cultures.

Les noms vulgaires des Cotonniers ne peuvent être d’aucun secours. Ils risquent même de tromper complètement sur les origines. Tel coton dit de Siam vient quelquefois d’Amérique ; tel autre est appelé coton du Brésil ou d’Ava selon la fantaisie ou la croyance erronée des cultivateurs.

Parlons d’abord du Gossypium herbaceum, espèce ancienne des cultures asiatiques, la plus répandue maintenant en Europe et aux États-Unis. Dans les pays chauds, d’où elle provient, sa tige dure quelques années ; mais, hors des tropiques, elle devient annuelle, par l’effet du froid des hivers. Sa fleur est ordinairement jaune, avec un fond rouge. Son coton est jaune ou blanc, selon les variétés.

Parlatore a examiné plusieurs échantillons d’herbiers spontanés et en a cultivé d’autres provenant d’individus sauvages dans la péninsule indienne. Il admet en outre l’indigénat dans le pays des Birmans et l’archipel indien, d’après des échantillons de collecteurs qui n’ont peut-être pas assez vérifié la qualité de plante sauvage.

M. Masters regarde comme certainement spontané, dans le Sindh, une forme qu’il a appelée Gossypium Stocksii, laquelle, dit-il, est probablement l’état sauvage du Gossypium herbaceum et des autres Cotonniers cultivés dans l’Inde depuis longtemps. M. Todaro, qui n’est pas disposé à réunir beaucoup de formes en une seule espèce, admet cependant l’identité de celle-ci et du G. herbaceum ordinaire. La couleur jaune du coton serait donc l’état naturel de l’espèce. La graine ne présente pas le duvet court qui existe entre les poils allongés dans le G. herbaceum cultivé.

La culture a probablement étendu l’habitation de l’espèce hors du pays primitif. C’est le cas, je suppose, pour les îles de la Sonde et la péninsule malaise, où certains individus paraissent plus ou moins spontanés. Kurz[1], dans sa flore de Burma, mentionne le G. herbaceum, à coton jaune ou blanc, comme cultivé, et en même temps comme sauvage dans les endroits déserts et les terrains négligés.

Le Cotonnier herbacé se nomme Kapase en bengali, Kapas en hindoustani, ce qui montre que le mot sanscrit Karpassi répond bien à l’espèce[2]. La culture s’en était répandue de bonne heure dans la Bactriane, où les Grecs l’avaient remarquée lors de l’expédition d’Alexandre. Théophraste[3] en parle d’une manière qui ne peut laisser aucun doute. Le Cotonnier en arbre de l’île de Tylos, dans le golfe Persique, dont il fait mention plus

  1. Kurz, Forest flora of british Burma, 1, p. 129.
  2. Piddington, Index.
  3. Theophrastes, Hist. plant., l. 4, c. 5.