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COTONNIER HERBACÉ

ricain, entre les tropiques. Les herbiers et les flores abondent en indications de localités, mais ordinairement on ne dit pas si l’espèce était cultivée, spontanée ou naturalisée. Je remarque cependant l’assertion de l’indigénat, par Seemann pour la côte nord-ouest du Mexique et Panama, par M. Triana à la Nouvelle-Grenade, par M. Meyer dans la Guyane hollandaise, et par Piso et Glaussen au Brésil[1]. Avec une habitation aussi vaste, il n’est pas surprenant que les noms de l’espèce aient été nombreux dans les langues américaines. Celui des Brésiliens, Urucu, est l’origine de Rocou.

Il n’était pas bien nécessaire de planter cet arbre pour en obtenir le produit ; cependant Piso raconte que les Brésiliens, au XVIe siècle, ne se contentaient pas des pieds sauvages, et à la Jamaïque, dans le XVIIe siècle, les plantations de Rocou étaient communes. C’est une des premières espèces transportées d’Amérique dans le midi de l’Asie et en Afrique. Elle s’est naturalisée quelquefois au point que Roxburgh[2] l’avait crue aborigène dans l’Inde.

Cotonnier herbacé. — Gossypium herbaceum, Linné.

Lorsque je cherchais, en 1855, l’origine des cotonniers cultivés[3], il régnait une grande incertitude sur la distinction des espèces. Depuis cette époque, il a paru en Italie deux excellents ouvrages sur lesquels on peut s’appuyer, l’un de Parlatore[4], ancien directeur du jardin botanique de Florence, l’autre de M. le sénateur Todaro[5] de Palerme. Ces deux ouvrages sont accompagnés de planches coloriées magnifiques. Pour les cotonniers cultivés, on ne peut rien désirer de mieux. D’un autre côté, la connaissance des véritables espèces, j’entends de celles qui existent dans la nature, à l’état spontané, n’a pas fait les progrès qu’on pouvait espérer. Cependant la définition des espèces est assez précise dans les publications du Dr Masters[6]. Je la suivrai donc de préférence. L’auteur se rapproche des idées de Parlatore, qui admettait sept espèces bien connues et deux douteuses, tandis que M. Todaro en compte 54, dont deux seulement douteuses, donnant ainsi pour espèces des formes dis-

  1. Seemann, Bot. of Herald, p. 79, 268 ; Triana et Planchon, Prodr. fl. novo-granat., p. 94 ; Meyer, Essequebo, p. 202 ; Piso, Hist. nat. Brasil., éd. 1648, p. 65 ; Glaussen, dans Clos, l. c.
  2. Roxburgh, Flora indica, 2, p. 581 ; Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 114.
  3. Géographie botanique raisonnée, p. 971.
  4. Parlatore, Le specie dei cotoni, texte in-4, planches in-folio, Firenze, 1866.
  5. Todaro, Relazione della coltura dei cotoni in Italia seguita da una monografia del genere Gossypium, texte grand in-8, planches in-folio, Rome et Palerme, 1877-78 ; ouvrage précédé de plusieurs autres moins étendus, dont Parlatore avait eu connaissance.
  6. Masters, dans Oliver, Flora of tropical Africa, p. 210 ; et dans sir J. Hooker, Flora of british India, 1, p. 346.