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SORGHO COMMUN

être spontané, du moins sous la forme appelée germanica par divers auteurs[1] et les Chinois regardent les cinq céréales de la cérémonie annuelle comme originaires de leur pays. Cependant MM. de Bunge, dans le nord de la Chine ; et Maximowicz, dans la région du fleuve Amur, n’ont vu l’espèce que cultivée en grand et toujours sous la forme de la variété germanica[2]. Pour la Perse[3] la région du Caucase et l’Europe, je ne vois dans les flores que l’indication de plante cultivée, ou cultivée et s’échappant quelquefois hors des cultures dans les décombres, les bords de chemins, les terrains sablonneux, etc.[4]

L’ensemble des documents historiques, linguistiques et botaniques me fait croire que l’espèce existait, avant toute culture, il y a des milliers d’années, en Chine, au Japon et dans l’archipel indien. La culture doit s’être répandue anciennement vers l’ouest, puisque l’on connaît des noms sanscrits, mais il ne parait pas qu’elle se soit propagée vers l’Arabie, la Syrie et la Grèce, et c’est probablement par la Russie et l’Autriche qu’elle est arrivée, de bonne heure, chez les lacustres de l’âge de pierre en Suisse.

Sorgho commun. — Holcus Sorghum, Linné. — Andropogon Sorghum, Brotero. — Sorghum vulgare, Persoon.

Les botanistes ne sont pas d’accord sur la distinction de plusieurs des espèces de Sorgho et même sur les genres à établir dans cette division des Graminées. Un bon travail monographique serait désirable, ici comme pour les Panicées. En attendant, je donnerai quelques renseignements sur les principales espèces, à cause de leur extrême importance pour la nourriture de l’homme, l’élève des volailles, et comme fourrages.

Prenons pour type de l’espèce le Sorgho cultivé en Europe, tel qu’il est figuré, par Host, dans ses Graminaæ austriacæ (4, pl. 2). C’est une des plantes le plus habituellement cultivées par les Égyptiens modernes, sous le nom de Dourra, dans l’Afrique équatoriale, l’Inde, et la Chine[5]. Elle est si productive dans les pays chauds que d’immenses populations de l’ancien monde s’en nourrissent.

Linné et tous les auteurs, même nos contemporains, disent qu’elle est de l’Inde ; mais, dans la première édition de la flore de Roxburgh, publiée en 1820, ce savant, qu’on aurait bien fait de consulter, affirme qu’il ne l’a pas vue autrement que cultivée. Il fait la même remarque pour les formes voisines (bicolor, sac-

  1. Franchet et Savatier, Enum. Japon., 2, p. 262.
  2. Bunge, Enum., n. 399 ; Maximowicz, Primitiæ Amur., p. 330.
  3. Buhse, Aufzählung, p. 232.
  4. Voir Parlatore, Fl. ital., 1, p. 113 ; Mutel, Fl. franc., 4, p. 20, etc., etc.
  5. Delile, Plantes cultivées en Égypte, p. 7 ; Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 1, p. 269 ; Aitchison, Catal. Punjab, p. 175 ; Bretschneider, On value, etc., p. 9.