Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES

spontané. Elle n’a pas été trouvée dans les monuments égyptiens, ni dans les débris lacustres de Suisse, Savoie et Italie.

Orge commune. — Hordeum vulgare, Linné.

L’Orge commune, à quatre rangs, est mentionnée par Théophraste[1], mais il paraît que dans l’antiquité on la cultivait moins que celles à deux et surtout à six rangs.

Elle n’a pas été trouvée dans les monuments égyptiens, ni dans les débris des lacustres de Suisse, Savoie et Italie.

Willdenow[2] dit qu’elle croît en Sicile et dans le sud-est de la Russie, à Samara ; mais les flores modernes de ces pays ne le confirment nullement. On ne sait pas quelle Orge Olivier avait vue sauvage en Mésopotamie ; par conséquent, l’Hordeum vulgare n’a pas encore été trouvé à l’état spontané, d’une manière certaine.

La multitude des noms vulgaires qu’on lui attribue ne signifie rien comme indication d’origine, car il est impossible de savoir dans la plupart des cas si ce sont des noms de l’Orge, en général, ou d’une Orge en particulier cultivée dans tel ou tel pays.

Orge à six rangs. Escourgeon. — Hordeum hexastichon, Linné.

C’était l’espèce le plus souvent cultivée dans l’antiquité. Non seulement les Grecs en ont parlé, mais encore elle a été trouvée dans les monuments les plus anciens de l’Égypte[3] et dans les restes des lacustres de Suisse (âge de pierre), de Savoie et d’Italie (âge de bronze)[4]. M. Heer a même distingué deux variétés dans l’espèce cultivée jadis en Suisse. L’une d’elles répond à l’orge à six rangs figurée sur les médailles de Métaponte, ville de l’Italie méridionale, six siècles avant J.-C.

D’après Roxburgh[5], c’était la seule Orge cultivée dans l’Inde à la fin du siècle dernier. Il lui attribue le nom sanscrit Yuva, devenu en bengali Juba, Adolphe Pictet[6] a étudié avec soin les noms sanscrits et des langues indo-européennes qui répondent au mot générique Orge, mais il n’a pas pu suivre dans les détails ce qui concerne chacune des espèces.

L’Orge à six rangs n’a pas été vue dans les conditions d’une plante spontanée dont un botaniste aurait constaté l’espèce. Je ne l’ai pas trouvée dans l’herbier de M. Boissier, si riche en

  1. Théophraste, Hist., l. 8, c. 4.
  2. Willdenow, Species plant., 1, p. 472.
  3. Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, p. 33 ; Ein Ziegel der Dashur Pyramide, p. 109.
  4. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. S, fig. 2 et 3 ; p. 13, fig. 9 ; Flora bot. Zeitung, 1869, p. 320 ; de Mortillet, d’après Perrin, Études préhistoriques sur la Savoie, p. 23 ; Sordelli, Sulle piante della torbiera di Lagozza. p. 32.
  5. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 1, p. 338.
  6. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 333.