Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
HARICOT DE LIMA

transporté par des cultivateurs français du siècle suivant à une autre légumineuse et qu’on ait changé ara en ari. C’est dans la limite des erreurs qui se font de nos jours. D’ailleurs l’Aracos ou Arachos a été attribué par les commentateurs à plusieurs légumineuses des genres Lathyrus, Vicia, etc. Durante donne pour synonyme à son Araco l’αραχοϛ des Grecs, par où l’on voit bien l’étymologie. le Père Feuillée[1] écrivait en français Aricot. Avant lui, Tournefort mettait Haricot. Il croyait peut-être que l’α du mot grec avait un accent rude, ce qui n’est pas le cas, du moins dans les bons auteurs.

Je résume cet article en disant : 1o Le Phaseolus vulgaris n’est pas cultivé depuis longtemps dans l’Inde, le sud-ouest de l’Asie et l’Égypte. 2o On n’est pas complètement sûr qu’il fut connu en Europe avant la découverte de l’Amérique. 3o À cette époque le nombre des variétés s’est accru subitement dans les jardins d’Europe et tous les auteurs ont commencé d’en parler. 4o La majorité des espèces du genre existe dans l’Amérique méridionale. 5o Des graines qui paraissent appartenir à cette espèce ont été trouvées dans des tombeaux péruviens d’une date un peu incertaine, mélangées avec beaucoup d’espèces toutes américaines.

Je n’examine pas si le Phaseolus vulgaris existait, avant la mise en culture, dans l’ancien et le nouveau monde également, parce que les exemples de cette nature sont excessivement rares parmi les plantes phanérogames, non aquatiques, des pays tropicaux. Il n’en existe peut-être pas une sur mille, et encore on peut soupçonner souvent quelque transport du fait de l’homme[2]. Il faudrait du moins, pour aborder cette hypothèse à l’égard du Ph. vulgaris, qu’il eût été trouvé en apparence sauvage dans l’ancien et le nouveau monde, mais cela n’est pas arrivé. S’il avait eu une habitation aussi vaste, on en aurait des indices par des individus vraiment spontanés dans des régions très éloignées les unes des autres sur le même continent. C’est ce qu’on voit dans l’espèce suivante, Ph. lunatus.

Haricot courbé. — Phaseolus lunatus, Linné.

Haricot de Lima. — Phaseolus lunatus macrocarpus, Bentham. — Phas. inamœnus, linné.

Ce Haricot, de même que la variété dite de Lima, est si répandu dans tous les pays tropicaux qu’on l’a décrit, sans s’en douter, sous plusieurs noms[3]. Toutes ses formes se rapportent à deux groupes, dont Linné faisait deux espèces. La plus commune maintenant dans les jardins est celle appelée, depuis le commencement du siècle. Haricot de Lima, Elle se distingue par sa

  1. Feuillée, Hist. des plantes médicinales du Pérou, etc, in-4o, 1725, p. 54.
  2. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, chapitre des espèces disjointes.
  3. Phaseolus bipunctatus Jacq., inamœnus Linné, puberulus, Kunth, saccharatus Mac-Fadyen, etc., etc.