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FIGUIER

Brésil. De Martius ne mentionne pas l’espèce dans son dictionnaire sur les noms de fruits en langue des Tupis[1]. On ne la cite pas comme spontanée à la Guyane et dans la Colombie. P. Browne[2] affirme, au contraire, la qualité spontanée à la Jamaïque, et avant lui Ximenes et Hemandez l’avaient affirmée pour Saint-Domingue et le Mexique. Oviedo[3] parait avoir vu le Papayer dans l’Amérique centrale, et il cite pour Nicaragua le nom vulgaire Olocoton, Cependant MM. Correa de Mello et Spruce, dans leur mémoire important sur les Papayacées, après avoir beaucoup herborisé dans la région des Amazones, au Pérou et ailleurs, regardent le Papayer comme originaire des îles Antilles et ne pensent pas qu’il soit sauvage nulle part sur le continent. J’ai vu[4] des échantillons rapportés des bouches de la rivière Manate en Floride, de Puebla au Mexique et de Colombie ; mais les étiquettes ne portent aucune remarque sur la qualité spontanée. Les indices, comme on voit, sont nombreux pour les bords du golfe du Mexique et les Antilles. L’habitation au Brésil, fort isolée, est suspecte.

Figuier. — Ficus Carica, Linné.

L’histoire du Figuier présente beaucoup d’analogie avec celle de l’Olivier en ce qui concerne l’origine et les limites géographiques. Son habitation, comme espèce spontanée, a pu s’étendre par un effet de la dispersion des graines à mesure que la culture s’étendait. Cela parait probable, car les graines traversent intactes les organes digestifs de l’homme et des animaux. Cependant on peut citer des pays dans lesquels on cultive le figuier depuis au moins un siècle sans qu’il se soit naturalisé de cette manière. Je ne parle pas de l’Europe au nord des Alpes, où l’arbre exige des soins particuliers et mûrit mal ses fruits, même ceux de la première portée, mais par exemple de l’Inde, du midi des États-Unis, de l’Ile Maurice et du Chili, où, d’après le silence des auteurs de flores, les faits de quasi spontanéité paraissent rares.

De nos jours, le Figuier est spontané ou presque spontané dans une vaste région dont la Syrie est à peu près le milieu, savoir de la Perse orientale ou même de l’Afghanistan, au travers de toute la région de la Méditerranée, jusqu’aux îles Canaries[5]. Du midi au nord, cette zone varie de 25° à 40-42° de latitude environ, suivant les circonstances locales. En général, le Figuier

  1. Martius, Beitr. z. Ethnographe, 2, p. 418.
  2. P. Browne, Jamaïca, éd. 2, p. 360. La première édition, que je n’ai pas vue, est de 1756.
  3. Le passage d’Oviedo est traduit en anglais par Correa de Mello et Spruce, dans leur mémoire. Journal of the proceedings of the Linnean Society, 10, p. 1.
  4. Prodr., 15, s. 1, p. 414.
  5. Boissier, Flora orientalis, 4, p. 1154 ; Brandis, Forest flora of India, p. 418 ; Webb et Berthelot, Hist. nat. des Canaries, Botanique, 3, p. 257.