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MELON

M. Clarke lui-même dit que le C. Melo est peut-être dérivé par la culture du C. trigonus, c’est-à-dire, selon lui, des formes attribuées par Naudin au C. Melo.

Les expériences faites pendant trois années consécutives par M. Naudin[1] sur des produits du Cucumis trigonus fécondé par le Melo paraissent appuyer l’opinion d’une diversité spécifique admissible, car, si la fécondation a eu lieu, les produits ont été divers de formes et sont revenus souvent à l’un des ancêtres primitifs.

2o Les formes africaines. M. Naudin n’a pas eu des échantillons en assez bon état et assez certains sous le rapport de la spontanéité, pour affirmer d’une manière positive l’habitation en Afrique. Il l’admet avec hésitation. Il attribue à l’espèce des formes cultivées ou d’autres spontanées, dont il n’a pas vu les fruits. Après lui, sir Joseph Hooker[2] a eu des échantillons plus probants. Je ne parle pas de ceux de la région du Nil, qui sont probablement cultivés[3], mais de plantes recueillies par Barter, en Guinée, dans les sables au bord du Niger. Thonning[4] avait déjà trouvé dans les sables, en Guinée, un Cucumis, qu’il avait nommé arenarius, et M. Cogniaux[5], après avoir vu un échantillon rapporté par ce voyageur, l’a classé dans le C. Melo, comme le pensait sir Joseph Hooker. Les nègres mangent le fruit de la plante recueillie par Barter. L’odeur est celle d’un melon vert frais. Dans la plante de Thonning, le fruit est ovoïde, de la grosseur d’une prune. Ainsi, en Afrique, comme dans l’Inde, l’espèce a des petits fruits à l’état spontané, ce qui n’est pas extraordinaire. Le Dudaïm s’en rapproche, parmi les variétés cultivées.

La majorité des espèces du genre Cucumis est en Afrique ; une faible minorité se trouve en Asie ou en Amérique. D’autres espèces de Cucurbitacées sont disjointes entre l’Asie et l’Afrique, quoique les habitations soient ordinairement dans cette famille continues et restreintes. Le Cucumis Melo a peut-être été une fois spontané de la côte occidentale d’Afrique jusque dans l’Inde, sans intervalle, comme la Coloquinte (Citrullus Colocynthis), de la même famille.

J’ai parlé jadis de la spontanéité douteuse du Melon au midi du Caucase, d’après d’anciens auteurs. Les botanistes subséquents ne l’ont pas confirmée. Hohenacker, qui avait trouvé, disait-on, l’espèce autour d’Elisabethpol, n’en fait aucune mention dans son opuscule sur les plantes de la province de Talysch. M. Boissier n’admet pas le Cucumis Melo dans sa flore orientale. Il dit seulement qu’il se naturalise avec facilité dans

  1. Naudin, Ann. sc. nat., série 4, vol. 18, p. 171.
  2. Hooker, dans Flora of tropical Africa, 2, p. 546.
  3. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 267.
  4. Schumacher et Thonning, Guineiske planten, p. 426.
  5. Cogniaux, l. c. p. 483.