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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

autre côté, M. de Tchihatcheff[1], qui a traversé l’Anatolie et l’Arménie à plusieurs reprises, ne parait pas avoir vu l’Abricotier sauvage, et ce qui est plus significatif encore, Karl Koch, qui a parcouru la région au midi du Caucase avec l’intention d’observer ce genre de faits, s’exprime de la manière suivante[2] : « Patrie inconnue. Du moins, pendant mon séjour prolongé en Arménie, je n’ai trouvé nulle part l’Abricotier sauvage, et même je ne l’ai vu cultivé que rarement. »

Un voyageur, W.-J. Hamilton[3], disait bien l’avoir trouvé spontané près d’Orgou et d’Outch Hisar, en Anatolie ; mais cette assertion n’a pas été vérifiée par un botaniste.

Le prétendu Abricotier sauvage des ruines de Balbeck, décrit par Eusèbe de Salle[4], est absolument différent de l’Abricotier ordinaire d’après ce qu’il dit de la feuille et du fruit. M. Boissier et les divers collecteurs qui lui ont envoyé des plantes de Syrie et du Liban ne paraissent pas avoir vu l’espèce. Spach[5] prétend qu’elle est indigène en Perse, mais sans en donner aucune preuve. MM. Boissier et Buhse[6] n’en parlent pas dans leur énumération des plantes de la Transcaucasie et de Perse.

Il est inutile de chercher l’origine en Afrique. Les Abricotiers que Reynier[7] dit avoir vus « presque sauvages » dans la Haute Égypte devaient venir de noyaux jetés hors des cultures, comme cela se voit en Algérie[8]. MM. Schweinfurth et Ascherson[9], dans leur catalogue des plantes d’Égypte et Abyssinie, ne mentionnent l’espèce que comme cultivée. D’ailleurs, si elle avait existé jadis dans le nord de l’Afrique, les Hébreux et les Romains en auraient eu connaissance de bonne heure. Or il n’y a pas de nom hébreu, et Pline dit que l’introduction à Rome datait de trente années lorsqu’il écrivait son livre.

Poursuivons notre recherche du côté de l’Orient.

Les botanistes anglo-indiens[10] s’accordent à dire que l’Abricotier, généralement cultivé dans le nord de l’Inde et au Thibet, n’y est pas spontané ; mais ils ajoutent qu’il tend à se naturaliser ou qu’on le trouve sur l’emplacement de villages abandonnés. MM. Schlagintweit ont rapporté plusieurs échantillons du nord-ouest de l’Inde et du Thibet, que M. A. Wesmael[11] a vérifiés ;

  1. Tchihatcheff, Asie Mineure, Botanique, vol. 1.
  2. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 87.
  3. Nouv. ann. des voyages, févr. 1839, p. 176.
  4. E. de Salle, Voyage, 1, p. 140.
  5. Spach, Hist. des vég. phanérog., 1, p. 389.
  6. Boissier et Buhse, Aufzählung der auf eine Reise, etc, in-4, 1860.
  7. Reynier, Économie des Égyptiens, p. 371.
  8. Munby, Catal., Fl. d’Algérie, p. 49 ; éd. 2.
  9. Schweinfurth et Acherson, Beiträge zur flora Æhiopiens, in-4, 1867, p. 259.
  10. Royle, Ill. of Himalaya, p. 205 ; Aitchison, Catal. of Punjab and Sindh, p. 56 ; sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313 ; Brandis, Forest flora of N. W. and central India, 191.
  11. Wesmael, dans Bull. Soc. bot. Belgiq., 8, p. 219.