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ABRICOTIER

Corombilé[1], ce qui fait supposer une ancienne origine venant des Pélasges. Du reste, il ne faut pas insister sur les noms vulgaires des Pruniers que chaque peuple a pu donner à l’une ou à l’autre des espèces, peut-être aussi à telle ou telle variété cultivée, sans aucune règle. En général, les noms sur lesquels on a beaucoup écrit dans les ouvrages d’érudition me paraissent s’appliquer à la qualification de prune ou prunier, sans avoir un sens bien précis.

On n’a pas encore trouvé des noyaux de Prunus insititia dans les « terramare » d’Italie, mais M. Heer en a décrit et figuré qui proviennent des palafittes de Robenhausen[2]. Aujourd’hui, dans cette partie de la Suisse, l’espèce ne semble pas indigène, mais nous ne devons pas oublier que, d’après l’histoire du lin, les lacustres du canton de Zurich à l’époque de la pierre entretenaient des communications avec l’Italie. Ces anciens Suisses n’étaient pas difficiles sur le choix de leur nourriture, car ils récoltaient aussi les baies du Prunellier (Prunus spinosa), qui nous paraissent immangeables. Probablement ils les faisaient cuire, en marmelade.

Abricotier. — Prunus Armeniaca, Linné. — Armeniaca vulgaris, Lamarck.

Les Grecs et les Romains ont reçu l’Abricotier au commencement de l’ère chrétienne. Inconnu du temps de Théophraste, Dioscoride[3] le mentionne sous le nom de Mailon armeniacon. Il dit que les latins l’appelaient Praikokion. C’est effectivement un des fruits mentionnés brièvement par Pline[4] sous le nom de Præcocium, motivé par la précocité de l’espèce[5]. L’origine arménienne était indiquée par le nom grec, mais ce nom pouvait signifier seulement que l’espèce était cultivée en Arménie. Les botanistes modernes ont eu, pendant longtemps, de bonnes raisons pour la croire spontanée dans ce pays. Pallas, Güldenstædt et Hohenacker disaient l’avoir trouvée autour du Caucase, soit au nord, sur les rives du Terek, soit au midi, entre la mer Caspienne et la mer Noire[6]. M. Boissier[7] admet ces localités, sans s’expliquer sur la spontanéité. Il a vu un échantillon recueilli par Hokenacker près d’Elisabethpol. D’un

  1. De Heldreich, l. c.
  2. Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 27, fig. 16, c.
  3. Dioscorides, 1. 1, c. 165.
  4. Pline, l. 2, c. 12.
  5. Le nom latin a passé dans le grec moderne (Prikokkia). Les noms espagnol (Albaricoque), français {Abricot), etc., paraissent venir d’arbor præcox ou Præcocium, tandis que les mots vieux français, Armègne, italien Armenilli, etc., viennent de Mailon armeniacon. Voir d’autres détails sur les noms de l’espèce dans ma Géographie bot. raisonnée, p. 880.
  6. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 3.
  7. Boissier, Fl. orient., 2, p. 652.