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ORANGERS ET CITRONNIERS

parle pas. MM. de Humboldt et Bonpland l’ont vu cultivé dans le Venezuela et la Nouvelle-Grenade ; de Martius au Brésil[1], où les graines en avaient été obtenues du Pérou. L’espèce est cultivée aux îles du Cap-Vert et sur la côte de Guinée[2] ; mais il ne parait pas qu’on l’ait répandue en Asie. Son origine américaine est évidente. Je n’oserais pourtant pas aller plus loin et affirmer qu’elle est du Pérou, plutôt que de la Nouvelle-Grenade ou même du Mexique. On la trouvera probablement sauvage dans une de ces régions. Meyen ne l’a pas rapportée du Pérou[3]. »

Mes doutes sont diminués aujourd’hui, grâce à une communication obligeante de M. Ed. André. Je dirai d’abord que j’ai vu des échantillons du Mexique, recueillis par Botteri et par Bourgeau, et que les auteurs indiquent souvent l’espèce dans cette région, aux Antilles, dans l’Amérique centrale et la Nouvelle-Grenade. Ils ne disent pas, il est vrai, qu’elle y soit sauvage. Au contraire, ils notent qu’elle est cultivée, ou qu’elle s’échappe des jardins et se naturalise[4]. Grisebach affirme qu’elle est spontanée du Pérou au Mexique, sans en donner la preuve. M. André a récolté, dans une vallée du sud-ouest de l’Équateur, des échantillons qui se rapportent bien à l’espèce, autant qu’on peut l’affirmer sans voir les fruits. Il ne dit rien de la qualité spontanée, mais le soin avec lequel il indique dans d’autres cas les plantes cultivées ou venant peut-être des cultures me fait croire qu’il a regardé ses échantillons comme spontanés. Claude Gay dit que l’espèce est cultivée au Chili depuis un temps immémorial[5]. Cependant Molina, qui mentionne plusieurs arbres fruitiers des anciennes cultures du pays, n’en parle pas[6].

En résumé je regarde comme très probable que l’espèce est indigène dans l’Équateur et peut-être, dans le voisinage, au Pérou.

Orangers et citronniers. — Citrus, Linné.

Les différentes formes de citrons, limons, oranges, pamplemousses, etc., cultivés dans les jardins ont été l’objet de travaux remarquables de quelques horticulteurs, parmi lesquels il faut citer en première ligne Gallesio et Risso[7]. Les difficultés étaient très grandes pour observer et classer tant de formes. On avait obtenu d’assez bons résultats, mais il faut convenir que la méthode péchait par la base, puisque les végétaux observés étaient

  1. De Martius, Fl. brasil., fasc. 3, p. 15.
  2. Hooker, Fl. Nigr., p. 205.
  3. Nov. act. nat. cur., XIX, suppl. 1.
  4. Richard, Plant. vasc. de Cuba ; Grisebach, Fl. brit. W. Ind. islands ; Hemsley, Biologia centrali-amer., p. 118 ; Kunth, in Humb. et Bonpland. Nova Gen., 5, p. 57 ; Triana et Planchon., Prodr. fl. Novo-Granat., p. 28.
  5. Gay, Flora chil., 1, p. 66.
  6. Molina, traduction française.
  7. Gallesio, Traité du Citrus, in-8, Paris, 1811 ; Risso et Poiteau, Histoire naturelle des Orangers, 1818, in-folio, 109 planches.