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CANNELIER, RAMIÉ, CHANVRE

valeur extraordinaire de ses fibres, plus tenaces que le chanvre et, dans certains cas, flexibles comme la soie. On peut lire dans plusieurs ouvrages des détails intéressants sur la manière de cultiver la plante et d’en extraire les fils[1]. Je me bornerai à préciser ici, le mieux que je pourrai, l’origine géographique.

Dans ce but, il ne faut pas se fier aux phrases assez vagues de la plupart des auteurs, ni aux étiquettes des échantillons dans les herbiers, car il est arrivé souvent qu’on n’a pas distingué les pieds cultivés, échappés des cultures ou véritablement sauvages, et qu’on a oublié aussi la diversité des deux formes Boehmeria nivea (Urtica nivea, Linné, et Boehmeria tenacissima, Gaudichaud, ou B. candicans, Hasskarl), qui paraissent deux variétés d’une même espèce, à cause des transitions notées par quelques botanistes. Il y a même une sous-variété, à feuilles vertes des deux côtés, cultivée par les Américains et par M. de Malartic dans le midi de la France.

La forme anciennement connue (Urtica nivea L.), à feuilles très blanches en dessous, est indiquée comme croissant en Chine et dans quelques pays voisins. Linné dit qu’elle se trouve sur les murs en Chine, ce qui s’appliquerait à une plante des décombres, originaire des cultures ; mais Loureiro[2] dit : Habitat, et abundanter colitur in Cochinchina et China, et, selon M. Bentham[3], le collecteur Champion l’a trouvée, en abondance, dans les ravins de l’île de Hong-Kong. D’après MM. Franchet et Savatier[4], elle existe au Japon, dans les taillis et les haies (in fruticetis umbrosis et sepibus). Blanco[5] la dit commune aux îles Philippines. Je ne trouve aucune preuve qu’elle soit spontanée à Java, Sumatra et autres îles de l’archipel Indien. Rumphius[6] ne la connaissait que comme plante cultivée. Roxburgh[7] la croyait native de Sumatra, ce que Miquel[8] ne confirme pas.

Les autres formes n’ont été trouvées nulle part sauvages, ce qui appuie l’idée que ce sont des variétés survenues dans les cultures.

Chanvre. — Cannabis saliva, Linné.

Le chanvre est mentionné, avec ses deux états, mâle et femelle, dans les plus anciens ouvrages chinois, en particulier dans le Shu-King, écrit 500 ans avant Jésus-Christ[9]. Il a des

  1. Comte de Malartic, Journal d’agric. pratique, 7 déc. 1871, 1872, v. 2, n° 31 ; de La Rogue, ibid., n. 29, Bull. Soc. d’acclimat., juillet 1872, p. 463 ; Vilmorin, Bon jardinier, 1880, part. 1, p. 700 ; Vetillart, Études sur les fibres végét. textiles, p. 99, pl. 2.
  2. Loureiro, Flora cochinch., 2, p. 683.
  3. Bentham, Flora Hongkong, p. 331.
  4. Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap., 1, p. 439.
  5. Blanco, Flora de Filip., éd. 2, p. 484.
  6. Rumphius, Amboin., 5, p. 214.
  7. Roxburgh, Fl. ind., 3, p. 590.
  8. Miquel, Sumatra, éd. allem., p. 170.
  9. Bretschneider, Value of chinese botanical works, p. 5, 10, 48.