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INDIGOTIERS, HENNÉ

venant de l’Inde. Quant à la qualité spontanée de la plante, Roxburgh dit : « Lieu natal inconnu, car, quoique commune maintenant à l’état sauvage dans la plupart des provinces de l’Inde, elle n’est pas éloignée ordinairement des endroits où elle est cultivée actuellement ou l’a été. » Wight et Royle, qui ont publié des figures de l’espèce, n’apprennent rien à cet égard, et les flores plus récentes de l’Inde mentionnent la plante comme cultivée[1]. Plusieurs autres Indigofera sont spontanés dans l’Inde. On a trouvé celui-ci dans les sables du Sénégal[2], mais il n’est pas indiqué dans d’autres localités africaines, et il est souvent cultivé au Sénégal, ce qui me fait présumer une naturalisation. L’existence d’un nom sanscrit rend l’origine asiatique assez probable.

Indigotier argenté. — Indigofera argentea, Linné.

Celui-ci est décidément spontané en Abyssinie, Nubie. Kordofan et Sennaar[3] On le cultive en Égypte et en Arabie. D’après cela, on pourrait croire que c’est l’espèce dont les anciens Égyptiens tiraient une couleur bleue[4], mais ils faisaient peut-être venir l’indigo de l’Inde, car la culture en Égypte ne remonte probablement pas au delà du moyen âge[5].

Une forme un peu différente que Roxburgh désignait comme espèce (Indigofera cærulea), et qui paraît plutôt une variété, est sauvage dans les plaines de la péninsule indienne et du Belouchistan.

Indigotiers d’Amérique.

Il existe probablement un ou deux Indigofera originaires d’Amérique, mais mal définis, souvent mélangés dans les cultures avec les espèces de l’ancien monde et naturalisés hors des cultures. La synonymie en est trop incertaine pour que j’ose faire quelque recherche sur leur patrie. Quelques auteurs ont pensé que l’I. Anil de Linné était une de ces espèces. Linné dit cependant que sa plante était de l’Inde (Mantissa, p. 273). La teinture bleue des anciens Mexicains était tirée d’un végétal bien différent des Indigofera, d’après ce que raconte Hernandez[6].

Henné. — Lawsonia alba, Lamarck (Lawsonia inermis et L. spinosa de divers auteurs).

L’usage des femmes de l’Orient de se teindre les ongles en

  1. Wight, Icones, t. 365 ; Royle, Ill. Himal., t. 195 ; Baker, dans Flora of british India, 2, p. 98 ; Brandis, Forest flora, p. 136.
  2. Guillemin, Perrottet et Richard, Flora Seneg. tentamen, p. 178.
  3. Richard, Tentamen fl. abyss., 1, 184 ; Oliver, Fl. of trop. Africa, 2, p. 97 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 256.
  4. Unger, Pflanzen d. alten Ægyptens, p. 66 ; Pickering, Chronol. arrang. p. 443.
  5. Reynier, Économie des Juifs, p. 439 ; des Égyptiens, p. 354.
  6. Hemandez, Thes., p. 108.