Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

teurs désignent tantôt comme espèces distinctes du genre Linum et tantôt comme variétés d’une seule espèce.

Le premier travail important sur ce point a été fait par M. J.-E. Planchon, en 1848[1]. Il a montré clairement les différences des Linum usitatissimum, humile, et angustifolium, qu’on connaissait mal. Ensuite M. Oswald Heer[2], à l’occasion de recherches approfondies sur les anciennes cultures, a revu les caractères indiqués, et en ajoutant l’étude de deux formes intermédiaires, ainsi que la comparaison de nombreux échantillons, il est arrivé à l’idée d’admettre une seule espèce composée de plusieurs états légèrement différents. Je transcrirai, en français, son résumé latin des caractères, avec la seule addition de mettre un nom pour chaque forme distincte, suivant l’usage dans les livres de botanique.

Linum usitatissimum.

1. Annuum (annuel). Racine annuelle ; tige unique, droite ; capsules de 7 à 8 mill. de longueur ; graines de 4 à 6 mill., terminées par un bec. α. Vulgare (ordinaire). Capsules de 7 mill. ne s’ouvrant pas à maturité, et offrant des replis intérieurs glabres. — Chez les Allemands : Schliesslein, Dreschlein. β.  Humile (petit). Capsules de 8 mill., s’ouvrant à maturité d’une manière brusque, à replis intérieurs ciliés. — Linum humile Miller. L. crepitans Bœninghausen. Chez les Allemands : Klanglein, Springlein.

2. Hyemale (d’hiver). Racine annuelle ou bisannuelle ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 7 mill., terminées par un bec. — Linum hyemale romanum. En allemand : Winterlein.

3. Ambiguum (ambigu). Racine annuelle ou vivace ; tiges nombreuses ; feuilles acuminées ; capsules de 7 mill., à replis peu ciliés ; graines de 4 mill., terminées par un court bec. — Linum ambiguum, Jordan.

4. Angustifolium (à feuilles étroites). Racine annuelle ou vivace ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 6 mill., à replis ciliés ; graines de 3 mill., à peine crochues au sommet. — Linum angustifolium Hudson. On voit combien de passages existent entre les formes. La qualité de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, dont M. Heer soupçonnait le peu de fixité, est assez, vague, en particulier pour l’angustifolium, car M. Loret, qui a observé ce Lin aux environs de Montpellier, s’exprime ainsi[3] : « Dans les pays très chauds, il est presque toujours annuel, et c’est ce qui a lieu en Sicile, d’après le témoignage de Gussone ; chez nous il est annuel, bisannuel ou même vivace, selon la nature physique du sol où il croît, et l’on peut s’en assurer en l’observant sur le littoral, notamment à Maguelone. On y remarquera que le long des sentiers fréquemment piétines il a une durée plus longue que dans les

  1. Planchon, dans Hooker, Journal of botany, vol. 7, p. 165.
  2. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, in-4o Zurich, 1865, p. 35 ; Ueber den Flachs und die Flachskultur, in-4o Zurich, 1872.
  3. Loret, Observations critiques sur plusieurs plantes montpelliéraines dans la Revue des sc. nat, 1875.