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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES

plusieurs noms danois, Humb ou Hum, Girr ou Kirr[1], et suédois, Knutt, Fryle, Nägde, Skorff[2]. Cette grande diversité montre que l’attention s’était portée depuis longtemps sur la plante dans cette partie de l’Europe, et fait présumer que la culture y est ancienne. Elle était pratiquée autour de Montbelliard dans le XVIe siècle[3], et l’on ne dit pas qu’elle y fût récente. Probablement elle a pris naissance dans le midi de l’Europe à l’époque de l’empire romain, et dans le nord peut-être plus tôt. En tout cas, la patrie originelle doit avoir été l’Europe.

Les agriculteurs distinguent une forme plus haute de Spergule[4], mais les botanistes s’accordent à ne pas lui trouver des caractères suffisants pour la séparer comme espèce, et plusieurs n’en font pas même une variété.

Herbe de Guinée. — Panicum maximum, Jacquin[5].

La Graminée vivace, dite Herbe de Guinée (Guinea grass des Anglais), a une grande réputation dans les pays intertropicaux comme fourrage nutritif, aisé à cultiver. Avec un peu de soin, on peut faire durer un pré jusqu’à vingt ans[6].

La culture paraît avoir commencé dans les Antilles. P. Browne en parle dans son ouvrage sur la Jamaïque au milieu du siècle dernier, et après lui Swartz.

Le premier mentionne le nom Guinea grass, sans aucune réflexion sur la provenance de l’espèce. Le second dit : « apporté autrefois des côtes d’Afrique aux Antilles ». Il s’est fié probablement à l’indication donnée par le nom vulgaire, mais nous savons à quel point les origines indiquées de cette manière sont quelquefois fausses, témoin le blé dit de Turquie, qui vient d’Amérique.

Swartz, excellent botaniste, dit que la plante croît « dans les pâturages cultivés secs des Indes occidentales, où elle est aussi cultivée », ce qui peut s’entendre d’une espèce naturalisée dans des terrains qui ont été cultivés. Je ne vois pas qu’aux Antilles on ait constaté un état vraiment spontané. Il en est autrement au Brésil. D’après les documents recueillis par de Martius et étudiés par Nees[7], documents augmentés depuis et encore mieux

  1. Rafn. Danmarks flora, 2, p. 799.
  2. Wahlenberg, cité dans Moritzi, Dict. ms. ; Svensk Botanik, t. 308.
  3. Bauhin, Hist. plant., 3, p. 722.
  4. Spergula maxima Bœhninghausen, figurée sans Reichenbach, Plantæ crit., 6, p. 513.
  5. Panicum maximum Jacq., Coll. 1, p. 71 (en 1786) ; Jacq. icones, 1, t. 13 ; Swartz, Fl. Indiæ occ., 7, p. 170. P. polygamum Swartz, Prodr. p. 24 (1788). P. jumentorum Persoon Ench., 1, p. 83 (1805). P. altissimum, de quelques jardins et auteurs modernes. D’après la règle, le nom le plus ancien doit être adopté.
  6. À la Dominique, d’après Imray, dans Kew Report for 1879, p. 16.
  7. Nees, dans Martius, Fl. brasil., in-8o, vol. 2, p. 166.