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Je souffris bien, mais j’ai brisé ma chaine,

Car aujourd’hui je ne vous aime plus.

bis.


Longtemps encor esclave de vos charmes,
Faute d’amour, j’espérais l’amitié,
Et je vous fis le témoin de mes larmes
Sans obtenir même votre pitié !
C’était cruel ! dans ma sombre folie
Mes plus beaux jours semblaient être perdus,
Mais aujourd’hui je renais à la vie,
Car aujourd’hui je ne vous aime plus.

Et je vous vois aujourd’hui me sourire ;
Vous abaissez sur moi vos yeux si doux !
Ah ! croyez-vous que je puisse vous dire :
J’aime, madame, et suis à vos genoux !
Non, non, vraiment, c’est assez de folie,
Et les soupirs sont au moins superflus !…

L’amour, pour vous, est une fleur flétrie,

Il est trop tard… je ne vous aime plus !

bis.


LES BADAUDS DE PARIS


Paroles de Philippe Libes (Œuvre posthume). — Musique de A. Lindheim.
La musique, à Paris, chez L. VIEILLOT, éditeur, 32, rue Notre-Dame de Nazareth.




C’est à Paris qu’on voit la foule
Se rassembler au moindre bruit ;
Si c’est un pochard qui se roule,
Prenant le ruisseau pour son lit…
Le sage en passant le contourne,
Mais… le badaud s’arrêtera,
Tant que la terre tourne, tourne,
Tant que la terre tournera
Badauds par-ci,
Badauds par-là,
Faisant ceci…
Faisant cela…
À Paris l’on ne voit que ça ! (bis.)

Qu’un perroquet bavarde ou siffle,
Qu’un promeneur casse un carreau ;
Qu’un passant reçoive une giffle,
Qu’un vieux carlin tombe dans l’eau…
Les badauds accourent en foule,
Et sur les ponts on en verra,
Tant que la Seine coule, coule,
Tant que la Seine coulera !
Badauds par-ci, etc.

Le soir quand la lune grimace,
Et fait aboyer les bassets ;
Les yeux interrogent l’espace,
Les filous vident les goussets.
Des badauds la grande famille,
Sur le trottoir s’assemblera…
Tant que la lune brille, brille,.
Tant que la lune brillera !
Badauds par-ci, etc.

Qu’un cheval d’omnibus se cabre.
Qu’un charlatan parle un peu haut ;
Qu’un cavalier perde son sabre,
Qu’un anglais boxe un porteur d’eau.
Des badauds s’assemble la foule,
Et cette race existera…
Tant que le globe roule, roule,
Tant que le globe roulera !
Badauds par-ci,
Badauds par-là,
Faisant ceci…
Faisant cela…
À Paris l’on ne voit que ça ! (bis.)