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citoyens de la république avec les sujets de l’empire.

Attentifs au déclin de l’État grec, ils s’associèrent à la première croisade dans l’espoir d’avoir leur part aux fruits de cette invasion pieuse. Baudouin, assis après Godefroy sur le trône de Jérusalem, reconnut leurs services en leur cédant la propriété d’une partie de la ville de Ptolémaïs, en accordant toute franchise à leur commerce dans le royaume de Jérusalem, et le privilège de n’y avoir d’autres juges que leurs propres magistrats.

Il est vrai que leurs rivaux de commerce en Europe et en Asie, les Pisans et les Génois, obtinrent aussi, les uns un quartier dans Antioche et le patriarcat de Jérusalem, les autres des comptoirs à Jérusalem et des franchises dans les principales villes de Syrie : ce qui fut la source de grandes jalousies qui tournèrent en implacables guerres, et causèrent la ruine de Pise et de Gènes.

Lorsque plus tard les croisés, consternés des revers qu’ils essuyaient en Syrie, voulurent comme forcer la sagesse divine à leur tracer un plan de campagne, et qu’ayant jeté dans une urne les noms de plusieurs villes à assiéger, ils en virent s’échapper celui de Tyr, les Vénitiens consentirent à les aider au siège de cette place, à la condition que, la ville prise, ils auraient le tiers de son territoire, et que les marchandises qu’ils transporteraient en Asie y jouiraient de l’entière et universelle franchise. Tyr capitula, et le prix stipulé fut livré aux Vénitiens.

Un secours fourni à propos à l’empereur grec contre Roger, roi de Sicile, leur valut un droit d’entrée dans les îles de Chypre et de Candie, dont jusque là les ports leur étaient demeurés fermés. Roger s’estima trop heureux d’acheter la paix par de grandes faveurs qu’il ouvrit à leur commerce dans son royaume dévasté.