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L’ÂME DES MAINS

oreilles et lorsque dessous la cape du Chevalier il voit émerger un gros sac d’espèces sonnantes et trébuchantes, il n’en croit plus ses yeux.

— Allons, ne perdons pas de temps, ajoute Walther. Suivez-moi. On va procéder à la petite opération qui ne vous occasionnera aucune douleur. Permettez…

Et aussitôt, sans crier gare il lui jette un bandeau sur les yeux.

Ceretti voudrait crier, mais deux autres hommes l’empoignent. Le premier le bâillonne, l’autre lui attache les pieds. Puis ils le chargent sur leurs épaules et le descendent dans l’escalier.

Il entend derrière lui la voix du Chevalier van Bau.

Achtung !… Langsam… Nach Hexenfels.

Qu’est-ce que cela veut dire ?… Benedetto est épouvanté… Est-ce une formule cabalistique ?

Et, pendant ce temps, là-haut, dans la petite chambre, Frieda vide d’un trait le bock de bière.

Ceretti est ligotté dans une calèche. Le Chevalier est assis à côté de lui, mais le Chevalier est d’humeur taciturne et ne parle qu’à intervalles et par monosyllabes. Les chevaux, mis au pas, gravissent péniblement une côte interminable, et le fouet du postillon claque à tort et à travers. La route est mauvaise et cahote sans pitié. Il fait chaud. Le soleil est cuisant et les insectes dansent avec frénésie la ronde. C’est tout un concert