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L’ÉLÉGANTE VENGEANCE

— Ah ! c’est bien toi, Aldo. Je te reconnais au stigmate de ton sang.

C’était une petite tache de naissance sur sa poitrine, une petite croix rouge qu’avaient tous les enfants mâles des Ducs de l’Ardenza. Subitement alors Mattacchione se souvint de la cause de son voyage, de sa mission… Il se domina comme savent se dominer tous les seigneurs toscans.

— Asolane, je te cherchais aussi. Je t’ai toujours aimée, je t’aime encore.

Il crut qu’à ces mots elle allait défaillir, et eut juste le temps de la retenir dans ses bras. De grosses larmes roulaient le long de ses joues.

— Oh ! je pensais bien que tu me pardonnerais. Je te le dis, je suis sans excuses, mais ton cœur est si généreux !

Et tout son être fut secoué de sincère repentir.

Il l’entraîna sur un lit de mousse égayé de muguets et de myosotis, et tous deux disparurent dans l’ombre.

Le rossignol pleurait son chant d’amour…

Lorsqu’ils revinrent vers le parterre de renoncules, ses bras enlacèrent l’épaule de Mattacchione, tout comme ils enlacèrent, le jour, l’épaule de Lisiade.

— Aldo ! Aldo ! Dans la joie de l’amour tu m’as donné le pardon et le salut. Tiens, comme gage de ma fidélité éternelle, je te donne ce chapelet.

Elle retira son collier de perles que terminait la croix de rubis.

— Tiens, je te le rends, puisque tu me l’as donné.