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SUR TALONS ROUGES

Les lourdes charrettes des maraîchers longeaient les quais en faisant trembler la chaussée. Les halliers criaient avec discordance. Les petites voitures des laitiers couraient très affairées en tout sens. Quelques passants frileux frôlaient les murs des maisons, la tête enfouie sous un grand col de fourrures. Les porteuses de pains se suspendaient aux sonnettes des portes, alors qu’un concierge encore tout ankylosé de sommeil venait ouvrir.

Vespasien regardait hébété tout ce spectacle.

Bientôt les boutiques s’ouvrirent. Et Vespasien se pencha pour voir ce qu’elles pouvaient contenir.

Oh ! que c’était curieux. Toutes les boutiques le long du quai avaient des cages. Et l’on y voyait voler des oiseaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Et puis, dans ces cages… il y avait d’autres animaux aussi !… Mais ce n’était pas des oiseaux…

Vespasien sauta jusqu’à la première branche pour mieux voir.

Rêvait-il ?… C’était des sapajous.

Les passants étaient rares et il ne faisait pas encore clair. Peut-être pourrait-il se dissimuler parmi ses frères sans être vu. Il sauta.

De barreau en barreau, il les passa tous en revue, mais on l’accueillit froidement ou furieusement. Finalement il reconnut une petite sœur. Qu’elle était mignonne ! Elle avait peur, elle paraissait craintive tout au fond de la cage en couchant sa petite tête sous son bras velu. Mais un œil clignotant dépassait