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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

vit d’autres maisons. Il grimpa sur les toits, traversa d’autres jardins et d’autres maisons que séparaient de belles cours. Il longea les murs et courut éperdument. Des ruelles sillonnaient de toutes parts. Il sauta d’un toit à l’autre et voyait au fond passer des carrosses et des chaises. Que tout ça était drôle !

Devant une fenêtre fermée, il vit un plat de cerises. Il chercha celles à double ou triple tiges, les suspendit tout le long de ses bras et s’enfuit emportant son déjeuner qu’il dégustera sur un grand arbre. Il arriva dans un grand jardin où se promenait beaucoup de monde. Il y avait des dames, des nobles, des petits bourgeois et des enfants. Alors une à une, il mangea ses cerises en lançant les noyaux sur le crâne des gens. À chaque coup quelqu’un relevait la tête, mais Vespasien était caché dans les épais frondages et personne ne pouvait le voir. Puis, quand il eut fini, il vit dans un bosquet perdu, un couple alangui qui semblait un peu trop goûter la solitude. Quel dommage ! Il n’avait plus de noyau de cerises à jeter. Et pourtant il chercha autour de lui un projectile possible. Que pouvait-il trouver sur un arbre ? Ce n’était même pas un chêne où il aurait cueilli quelques glands. Et pourtant il lui fallait quelque chose. L’envie irrésistible de lancer n’importe quoi sur ce couple s’imposait plus furieusement encore. Cette envie le rendit tout nerveux. Un oubli lancinant… et de peur il bondit sur le toit d’une maison pour ne pas voir ce qui était arrivé. Mais ensuite, un cuisant désir le prit de regarder ! Il se pen-