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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

Le charme était rompu.

— Le Vicomte de Valfleuri vous mande-t-il toujours d’heureuses nouvelles ?

— Oui, la guerre l’amuse fort. Vous savez qu’il est d’humeur batailleuse. Notre armée est victorieuse et ces victoires l’enivrent au point que son style à mon égard me paraît un peu froid. Il m’oublie… et la solitude me rend nerveuse.

— Est-ce de la jalousie ?

— Oh, non point… un besoin d’hommages et de tendresses dont son absence me prive. Je souffre comme Vespasien.

— J’en suis profondément chagrin… et ce besoin d’hommages, car plus loin, je n’ose espérer…, puis-je me croire assez favorisé pour que vous m’accordiez de vous offrir les miens ?

La musique reprit. Le Régent fit dire au duc de Lavoyeur qu’il aurait du plaisir à le voir danser encore avec la Vicomtesse de Valfleuri et qu’après cette gavotte, il serait charmé que tous deux daignassent souper à sa table.

La soirée quoique interminable fut des plus brillantes.

Autant que le permirent leurs hauts talons, elles entrèrent toutes deux sur la pointe des pieds.

Dorine s’inclina devant le lit de sa maîtresse, Martine en fit autant.