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SUR TALONS ROUGES

veuse aux mouvements bizarres et capricieux le trahisse. Hélas ! C’est le sapajou de la Vicomtesse. Mais sans cette queue, il eût passé pour le plus charmant des Mignons vêtu à la Philippe d’Orléans.

On l’appelle Vespasien, parce qu’il n’est pas très propre. C’est là son seul défaut. Ses oublis lancinants exaspèrent les servantes de sa maîtresse, mais sa maîtresse a pour lui toutes les indulgences. C’est délicieux un sapajou ! Et puis, après tout, ce nom de Vespasien qui lui sied à merveille, l’auréole de quelque chose de pompeux et n’a rien d’inconvenant.

La Vicomtesse de Valfleuri dansait chez le Régent. Son entrée fut sensationnelle, car elle apparut telle une vallée de fleurs et les nobles de la Cour l’acclamèrent.

Le Duc de Lavoyeur s’approcha d’elle en sautillant. Il se courba avec cette grâce qui renferme à la fois les mœurs honnêtes et malhonnêtes du temps. Il avait dans son allure les essences nécessaires pour camper un galant seigneur et un seigneur galant. Cette allure plut à la Vicomtesse. Elle fondit en une révérence qui mit en relief ses seins éblouissants, un peu martyrisés dans le grand décolleté de son corsage. Mais cette souffrance embellit les formes opulentes, car il est doux de souffrir pour être belle.

— Et Vespasien, très chère ?