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LE SALUT DU MAL

colère, elle balbutia le mea culpâ en caressant ses seins flasques.

Le voile du mystère était déchiré. Doña Juana avait tué le Marquis de Loñogo et les Comtes de Palombitas. Le dernier héritier vint mourir au pied du trône royal, pour révéler toute l’horrible vérité. La justice du Roi arriva avec fracas au palais de Buenapaz. L’exempt se présenta.

— Noble Señora, au nom du Roy, je vous arrête.

Elle ne parut pas entendre, elle ne parut pas comprendre. Son regard était lointain, inspiré, et ses lèvres esquissaient un sourire séraphique.

Derrière la portière, une voix profonde ordonna.

— Arrêtez !

Un moine s’interposa dans toute son insolente raideur.

— Elle est entre les mains de Dieu.

Toute la ville était en fête.

La tête ceinte d’une couronne, en somptueuse robe de mariée, Doña Juana parut sur le parvis de la cathédrale. Elle épousait le Seigneur Jésus-Christ, après avoir pieusement baisé les Sept Douleurs.

Le peuple fit bombance, c’était l’ordre du clergé et bombance on fit.