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SUR TALONS ROUGES

Elle se tut. La voix caverneuse du prêtre résonna sous les hautes voûtes du parloir.

In extremis… Vade in pacem !

Ce matin, Doña Rosario fut réveillée par la vieille servante de l’auberge qui lui remit une lettre. Elle grogna, car il était cinq heures, et elle n’aimait pas être dérangée dans son sommeil avant qu’on ne lui apportât son chocolat. Elle bougonna tout en brisant le cachet, puis soudain, elle reconnut l’écriture, poussa un cri et se signa… Elle lut :

« Doña Rosario,

« Rentrez à Madrid. Que votre premier soin soit d’ajouter deux têtes de mort à celles qui dorment sur mon autel familier. C’est la dernière faveur que je vous demande. Ne me cherchez pas. Vous ne me trouverez plus. Je disparais. Ma gratitude envers vous est éternelle, sachez-le bien, quoique je ne puisse vous la manifester. J’offre ma fortune intégrale à la grâce du Seigneur. Adieu.

« Juana. »

Doña Rosario froissa la lettre avec rage et la jeta avec dépit par terre.

— Oh ! l’hypocrite !

Puis dans la crainte que Dieu ne la surprît dans sa