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LE SALUT DU MAL

long de la mantille qui serrait le beau corps nu. Elle sentit ses nerfs se révulser de dégoût.

— Mon amour.

Ses mains étreignaient ses seins.

— Ils sont provoquants comme des banderilles !

L’horreur qui l’étreignait était insupportable. Mais elle était décidée à sauver cette âme de pécheur quoique le rachat de ce salut l’envahit de nausées.

— Je le sauverai, se répétait-elle constamment pour persévérer et souffrir jusqu’au bout.

Don Perez lui fit l’effet d’une pieuvre froide.

Ses mouvement dégingandés et simiesques avaient déjà décomposé son accoutrement.

Il était répugnant. Dans son élan il retrouva quelques restes de sa force brutale, et terrassant Juana, il la renversa sur le divan.

Brusquement la porte s’ouvrit.

Doña Rosario entra comme s’il était arrivé un malheur.

Dios ! Dios !

Elle se signa et disparut.

On entendait toujours sa voix éraillée qui criait dans tout le palais.

Dios ! Dios !

Un faible son de cloche tintait dans le lointain. C’était le saint viatique qui accourait vers un mourant du quartier.

Doña Juana s’effondra sur le prie-Dieu et pria avec ferveur.