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SPRINGFIELD

Derrière le paravent, les quatre hommes rendaient un dernier hommage aux bouteilles sombres et multiformes.

Wentworth et Percy partirent les derniers. Leurs appartements se trouvaient l’un à côté de l’autre, tout au bout du château. Ils suivirent les longs couloirs bras dessus, bras dessous, très satisfaits de leur dernière soirée passée dans le château de Springfield.

Dès qu’ils furent dans leurs chambres respectives ils constatèrent n’avoir pas très sommeil. Wentworth se promena en long et en large sans se décider à se déshabiller. Une espèce de surexcitation un peu sourde remontait en son être. Il se dominait assez pour qu’elle ne parut pas évidente, mais elle lui ôtait cette tranquillité d’esprit habituelle qui, aux heures du soir permet au sommeil de s’infiltrer lentement.

— Percy, vous dormez ?

— Non, pas du tout.

Et Percy ouvrit la porte de communication qui reliait les deux pièces. Il arpenta la chambre avec indolence, les mains dans ses poches, dandinant ses hanches et ses épaules pour manifester une certaine satisfaction de supériorité. Mais ainsi que l’usage l’avait établi, deux Anglais peuvent converser, s’ils en ont envie, pourvu que ce ne soit pas sur le sujet qui leur tient au cœur.

— Que pensez-vous du sport, Wentworth ?

— Le sport ? répondit Lord Jamland avec dédain, c’est une agitation sans fin.