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SPRINGFIELD

— Ethel est exquise, dit alors Marjorie comme entrée en matière.

Et de fil en aiguille, elle lui parla d’abord de la vie politique en général, des devoirs et des droits de la noblesse sur le peuple. Puis fort adroitement, elle concrétisa ses pensées par ce qui s’était passé à Springfield, les réformes que ses ancêtres y apportèrent, les projets à exécuter, la fortune de son père, ainsi que sa fortune personnelle qui n’était pas indifférente. Sa voix devenait de plus en plus basse. Percy l’écoutait avec intérêt. Elle se tut, baissa les yeux. Après un court silence il se pencha vers elle et souffla quelques mots à son oreille. Elle répondit affirmativement de la tête, en rougissant. Elle sembla un peu troublée, mais elle reprit vite ses esprits et courut derrière le paravent où Lord Springfield venait de disparaître. Au bout d’un instant il reparut avec sa fille. Sa figure luisante et rouge décelait une grande joie. Il se raidit sur ses jambes et se campa dans une attitude de triomphe.

— Mes amis, je veux profiter de la dernière soirée que vous passez dans mon château pour vous annoncer une grande nouvelle : les fiançailles de ma fille Marjorie avec Lord Percival Arthur Oliver Clifford, septième Duc de Paresnor.

Toute l’assistance se leva comme mue par un ressort et se précipita vers le vieux comte pour le combler de félicitations. L’empressement des invités fut inimaginable. Une gaîté un peu bruyante jaillit dans la salle. On se pressait pour congratuler les jeunes fiancés.