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SUR TALONS ROUGES

à ouvrage, soi-disant pour prendre son mouchoir, mais c’était pour priser un peu de tabac.

Gwendoline lisait le Paradis perdu. Wentworth vint l’interrompre et ils s’assirent dans un coin du hall.

Marjorie rejoignit Lady Briedington qui discutait avec Lord Paresnor.

— Tiens ! c’est vous, Marjorie ? fit Lady Briedington affablement. Dites donc à ce grand niais de Percy qu’on a beau être le plus joli garçon du monde, cela ne suffit pas pour assurer le bonheur. Il faut qu’il se marie, c’est plus convenable pour un homme de son rang et très utile en même temps. S’il se mariait, il pourrait aller vivre un peu dans ses terres avec sa femme et surveiller ses affaires qui vont à la dérive. Et puis, quand on a une femme, on est classé parmi les gens sérieux et quand on est encore jeune et beau… vous me comprenez n’est-ce pas ?… On se doute moins… et l’on a plus de liberté.

Percy était d’une prestance merveilleuse. On eût dit un Apollon anglo-saxon, élancé, svelte et râblé. Ses gestes témoignaient une souplesse de corps admirable, dont il était fier. C’était d’ailleurs sa seule ambition. Chaque matin dans sa chambre, il faisait une heure d’haltères et d’exercices d’assouplissement.

— Vous êtes un grand beau garçon, mais un fat, ajouta Ethel. Je vous laisse avec Marjorie dans l’espoir qu’elle ait plus de succès que moi. Je vais rejoindre Lady Kathryn qui brode et prise toute seule.