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SPRINGFIELD

lui conférera un titre de noblesse. Il ne manquerait plus que cela.

Elle était rouge de colère, car son arrière grand’mère maternelle avait été dame d’honneur d’Anne d’Autriche et toutes ses sympathies allaient à la France ; ce qui la faisait assez mal voir dans la haute société anglaise.

Lord Springfield crut bon de changer de discours.

— Savez-vous, mes amis, que mon château est hanté ?

— Quelle terrible chose, cria Lady Briedington. Pourquoi nous dites-vous cela la veille de notre départ ? Vous vous êtes tu sept jours, vous pouviez bien attendre le huitième.

— Ne vous effrayez pas, ajouta Lord Stanley Springfield, notre revenant n’est pas méchant. Mais comment pouviez-vous supposer, Milady, qu’il n’y en eût point céans. Tout château anglais qui se respecte a au moins une chambre hantée… Celle de mon château est la dernière chambre de la tourelle droite. C’est une pièce condamnée qui ne me prive nullement.

— Et quelle est l’histoire du revenant de Springfield ? demanda avec curiosité Lady Gwendoline Somewhatslow.

— L’histoire ? Elle est simple. Mon bisaïeul avait épousé une jeune Irlandaise d’une beauté saisissante, si saisissante, que son mari la soupçonna injustement, et là, dans cette fameuse pièce de la tourelle droite, un jour qu’elle filait du chanvre, il crut bon de lui plonger