Page:Allatini - Sur talons rouges, contes, 1929.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
SUR TALONS ROUGES

— Oh ! vous m’avez fait peur ? Vous me voyez bien surprise !… Comment se fait-il que vous vous trouviez chez moi sans que je le sache… Par où êtes-vous entré ?

— Un amoureux n’a-t-il pas toujours, pour grimper jusqu’à sa belle, une échelle de soie sur son cœur ?

— La pensée est jolie, le mot est galant, approuva la Baronne.

Walther sentit une effluve de passion lui monter à la tête.

— Waltrude ! Waltrude !

Elle se déroba.

— Pas si vite ! Laissez-moi un peu goûter votre présence et votre talent nouveau qu’inspire l’amour. J’adore la musique. Jouez-moi la Pastorale de Scarlati.

Walther s’assit au clavecin.

Il joua la Pastorale et la sonate en La. Il joua tout ce que la Baronne désirait entendre. Il n’avait même pas besoin de connaître le morceau qu’il exécutait. Ses mains couraient sur le clavier et interprétaient toute la pensée de l’œuvre en surmontant impeccablement les nombreuses difficultés de virtuosité. Il ignorait la longueur et la facture des morceaux, mais ses mains jouaient tout par cœur sans la moindre hésitation. Puis lorsque le morceau était terminé, elles s’arrêtaient toutes seules.

La Baronne semblait ravie.

— Ma parole, vous jouez comme l’Italien. C’est à