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on obtient ainsi une teinture « dont une demi-cuillerée ressuscite les morts (c.-à-d. les mourants) et guérit la goutte, la vérole et la ladrerie, la peste, le mal caduc, l’hydropisie et tous autres maux du corps quels qu’ils soient ».

L’eau-de-vie, en effet, a été dès le début considérée, ainsi que son nom l’indique, comme une quintessence ayant des vertus générales, presque au même titre qu’un arcane. Les Arabes, Arnauld de Villeneuve l’indiquent déjà, et Rupescissa (La vertu et la propriété de la Quintessence. Lyon, 1549) en fait l’apologie : « Pour trouver un remède universel, dit-il, il faut chercher une chose qui soit de telle nature envers les quatre qualités de notre corps composé, comme est le ciel au respect des quatre éléments ». Or, l’eau-de-vie est incorruptible comme le ciel et elle n’a aucune des qualités élémentaires. « Elle n’est pas, en effet, chaude et sèche comme le feu, puisqu’elle réfrigère les maladies chaudes ; elle n’est pas non plus froide et sèche comme la terre, puisqu’elle échauffe le corps, etc. »

Elle préserve de la putréfaction les corps qu’on met à son contact : « Si elle conserve un corps mort, dit Rupescissa, combien mieux peut-elle conserver un corps vivant ? » Il ajoute qu’on perfectionne cette quintessence par la chaleur de la putréfaction et il conseille, pour lui donner de la vie, de la mettre dans un vase bien bouché et de l’enfouir un certain temps dans le crottin de cheval. Si l’on se rappelle que les alchimistes employaient souvent